Non, pas tout le monde. Un cafetier de la rue de la Paroisse n’a pas jugé à propos de pavoiser son établissement. Pourquoi ? C’est ce que se demande la foule, qui s’est massée sur le trottoir, en face de chez lui. Un vieux monsieur à la face placide, toute glabre, que j’ai vu bien souvent assis sur un banc du square Hoche, sa canne à bec de corne entre les jambes s’écrie :
― Ce sont des Prussiens !
― Des Prussiens ! Oui, des sales Prussiens ! À bas les Prussiens !
Et une chaise de la terrasse, lancée à toute volée, brise la glace de la devanture. Le tumulte augmente. Les vociférations se croisent. On continue à jeter des chaises et des pierres contre les vitres et les becs de gaz.
― À bas, les Prussiens ! À mort, les Prussiens !
Je ramasse un caillou et je le lance de toute ma force. Malheureusement, tout est déjà cassé et mon caillou ne cause aucun mal. J’en suis désolé.
― À bas, les Prussiens ! À mort, les Prussiens !
Le patron et la patronne du café sortent en