Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/87

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— Je l’ai copiée hier, dit M. Beaudrain.

— Croyez-vous qu’on ne ferait pas mieux d’envoyer des armes aux paysans ?

— Il est peut-être déjà trop tard, fait mon père. Si on leur donnait des armes, ils ne mettraient pas longtemps à les enterrer. Pourvu qu’on ne touche pas à ce qu’ils possèdent, ils se fichent pas mal du reste, allez.

— Vous exagérez, répond M. Legros. Mais il est certain que nos populations sont bien abattues. Et si deux régiments de Prussiens, seulement, se présentaient devant Versailles, nous n’aurions qu’à leur ouvrir les portes.

M. Pion lève les épaules.

— On voit bien, monsieur Legros, que vous n’avez aucune expérience des choses de la guerre : on ne prend pas une ville comme ça.


Eh bien ! si, on prend les villes comme ça. Quatre uhlans prussiens, le 12 août, à trois heures, ont pris possession de Nancy.

La nouvelle produit une émotion profonde. Quatre uhlans ! Est-ce possible ? Nancy ! capitale de la Lorraine ! Une ville de cinquante mille habitants ! Mais il n’y avait donc plus de soldats ?