Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/96

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Et, tous ensemble, de toute la force de nos poumons, nous crions :

— Vive la France ! Vive l’Empereur !

— À vrai dire, reprend M. Pion, j’avais eu déjà cette idée-là ; mais je n’avais osé en faire part à personne. Les gens sont si drôles ! Ah ! ç’aurait été un coup à tenter, pourtant : pendant que les Prussiens sont occupés en France, jeter cent mille hommes sur leur territoire !

— Oh ! oui, fait ma sœur, émerveillée.

— Ah ! j’ai eu bien d’autres idées, continue M. Pion en s’asseyant, pendant que nous l’écoutons de toutes nos oreilles. Ainsi, vous savez que, depuis le commencement de la guerre, beaucoup de soldats sont morts de fatigue : les chaussures mal faites, trop grandes, trop petites… Eh bien ! j’avais pensé à une chose…

— Faire vérifier les chaussures avant leur entrée en magasin ? insinue mon père.

— Non pas, non pas : elles n’en vaudraient pas mieux. J’avais pensé tout simplement à habituer le soldat à marcher pieds nus. Oh ! pas une longue trotte, bien entendu ; une petite promenade : deux ou trois kilomètres. D’abord sans sac, ensuite avec sac. Les trou-