Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/95

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de la victoire est proche ― nous ouvrirons une souscription pour les nourrir.

— Et pourtant, dit mon père, ces gens-là ont recours, pour escamoter la victoire, à des procédés bien odieux.

— Je crois bien ! s’écrie ma sœur, ils empoisonnent les fontaines, ils brûlent les villages, ils envoient des espions partout et il paraît même que vingt navires formidablement armés viennent de partir d’Amérique, emportant une quantité considérable de flibustiers, tous allemands ; ces pirates se proposent de débarquer dans les ports ouverts de France, et de les mettre au pillage !

— Oui ! mais à bon chat, bon rat ! ricane M. Pion qui vient d’entrer, un journal à la main. Son excellence le comte de Palikao a lu aujourd’hui à la Chambre une dépêche ainsi conçue :

« Corps franc composé de quelques Français a pénétré sur territoire badois ; trains badois manquent aujourd’hui. »

Il y a un instant de stupéfaction. Ma sœur revient la première à elle.

— Ah !… trains badois manquent aujourd’hui !… Ah ! quel bonheur !