Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/178

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à-dire deux forts anneaux de fer qu’on lui passe à la hauteur des chevilles et qui sont réunis, derrière, par une barre de fer maintenue par un écrou accompagné d’un cadenas. Cette barre, longue d’environ quarante centimètres, est assez forte pour servir d’entrave à la bête féroce la plus vigoureuse. L’homme, une fois ses pieds pris dans l’engin de torture, doit se coucher à plat ventre. On lui ramène derrière le dos ses deux mains auxquelles on met aussi les fers. On lui prend les poignets dans une sorte de double bracelet séparé par un pas de vis sur lequel se meut une tringle de fer qu’on peut monter et descendre à volonté. On tourne cette tringle jusqu’à ce qu’elle serre fortement les poignets et on l’empêche de descendre en la fixant au moyen d’un cadenas.

L’homme mis aux fers, on le pousse sous son tombeau. Quand on lui apporte sa soupe, tous les deux jours, il la mange comme il peut, en lapant comme un chien. S’il veut boire, il est obligé de prendre le goulot de son bidon entre ses dents et de pencher la tête en arrière pour laisser couler l’eau. S’il renverse sa gamelle, s’il laisse tomber son bidon, tant pis pour lui. Il lui faut rester vingt-quatre heures sans boire et trente-six heures sans manger.

Et, si le malheureux fait entendre une plainte, si la souffrance lui arrache un cri, on lui met un bâillon ; on lui passe dans la bouche un morceau de bois qu’on assujettit derrière la tête avec une corde. Quelquefois ― car il faut varier les plaisirs ― les chaouchs préfèrent le mettre à la crapaudine. Rien de plus facile. Les fers des mains sont terminés par un anneau. On passe dans cet anneau une corde qu’on fait glisser autour de la barre ; on tire sur la corde et on l’attache au moyen d’un ou de plusieurs nœuds au mo-