de ne pas communiquer avec eux et, si nous enfreignons sa défense, il pourra nous accuser d’avoir refusé de lui obéir. Jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucun ordre direct ; le capitaine n’a parlé qu’au caporal qui nous conduit, ― le caporal Fleur-de-Gourde, comme Hominard vient de le baptiser en route. ― Queslier me pousse le coude… Nous sautons le fossé, lui et moi, et nous avons franchi le retranchement avant que le cabot ait eu le temps de se retourner.
— Voulez-vous revenir ici ! s’écrie-t-il, furieux de s’être laissé manquer de respect devant un capitaine ; voulez-vous !…
L’émotion arrête la parole dans sa gorge. Les huit camarades, Hominard en tête, viennent de lui passer entre les jambes et ont pris le même chemin que nous.
— Vous aurez de mes nouvelles ! tas de bandits ! hurle le capitaine qui a vu de loin la scène et qui reprend le chemin de sa maison en nous tendant le poing.
— Ses menaces et rien, dit le Crocodile en haussant les épaules, c’est absolument le même tabac.
— Depuis ce matin, ajoute Acajou en ricanant, chaque fois qu’il nous donne un ordre, c’est comme s’il pissait dans un violon pour faire de la musique. Quand on a un frère à venger, conclut-il tragiquement, on ne connaît plus rien.
Encore un drôle de type, ce gamin, dont l’impudence effrontée couvre la résolution audacieuse et qui écrase honteusement, entre deux phrases de mélodrame ou deux couplets de beuglant, sa sensibilité de petite fille. On sent qu’il a au plus haut degré la rancune de l’injure subie, cet avorton, qu’il la con-