Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/247

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Un post-scriptum : « Tu me rembourseras les sommes que je t’avancerai jusqu’à ta libération, à ton retour, lorsque tu auras réglé tes comptes ». C’est entendu.

Maintenant, je vais pouvoir mastiquer à ma fantaisie. Il n’est vraiment pas trop tôt. Bompané doit me passer un pain tous les deux jours et, de temps en temps, un litre de vin ou d’absinthe.

Après la misère, l’orgie.

Je ne suis pas le seul, d’ailleurs, qui jouisse du bien-être, qui me plonge dans les délices. Plusieurs de mes camarades ont usé du même moyen que moi et, soit par l’entremise des sapeurs du génie, soit par celle des ouvriers italiens, se sont fait envoyer de l’argent.


— Est-ce que les purotains peuvent y mettre un doigt ? est venu demander Acajou qui, les dents longues et l’estomac creux, est entré l’autre jour dans le marabout où nous recevons mystérieusement nos provisions.

Bien entendu. Pique dans le tas, mon gars, et avec la fourchette du père Adam, encore. Seulement, ne boulotte pas tout ; il faut que tout le monde vive. C’est Voltaire qui a dit ça.

Ça n’étonne pas Acajou ; du reste, il est trop bien élevé pour se flanquer une indigestion. Il prétend que, rien que pour la santé, il vaut mieux rester sur sa faim. ― Drôle de monture !


Nous sommes une cinquantaine, maintenant, au détachement, depuis qu’on y a fait descendre une douzaine de bleus récemment arrivés de France ; et sur ces cinquante, je ne crois pas qu’on en trouverait