Page:Darien - L'ami de l'ordre, 1898.djvu/23

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frapper, le misérable. On lui jetait des pierres, les messieurs lui donnaient des coups de canne et des coups de poing, les dames des coups d’ombrelle. Je l’ai frappé, moi aussi, avec cette canne. Un grand coup, comme ça ; pan ! Le sang a coulé. Ça m’a fait un plaisir !… J’aurais voulu avoir une massue !… Bref, messieurs, quand il est arrivé sur les Buttes-Montmartre, ses vêtements étaient en haillons, ses membres étaient en lambeaux et ruisselaient de sang ; ce n’était plus une tête qu’il avait sur les épaules ; c’était une loque sanglante. Et c’est un amas de chairs pantelantes qu’on a fusillé.

L’ABBÉ.

Quelle horreur !… Et c’est un prêtre qui l’a dénoncé ! Un prêtre !… Non, je ne peux pas le croire ! Non !…

MONSIEUR BONHOMME.

Sapristi, monsieur le curé, je ne suis pourtant pas aveugle ! Je vous dis que je l’ai vu, de mes yeux vu ! Je vous montrerai le curé — votre confrère — quand vous voudrez… Oui, c’est comme ça qu’il a fini, Varlin. Je ne suis pas plus méchant qu’il faut, mais si tous les Communards y passaient de la même façon, j’applaudirais… Sur le cadavre, on a trouvé les 300 francs qu’on avait eu grand’peine à lui faire accepter, paraît-il, dans le dernier paiement fait aux membres de la Commune. Il avait eu la pudeur de ne pas y toucher. De l’argent mal acquis… C’est étonnant qu’on rencontre encore un peu de conscience chez de pareils scélérats ; n’est-ce pas, monsieur de Ronceville ?

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Oui ; ça doit bien vous étonner.