Aller au contenu

Page:Darien - L'ami de l'ordre, 1898.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

surer qu’aucun insurgé n’est caché dans la maison. Alors, si vous le permettez, je resterai…

L’ABBÉ.

Un peu par curiosité ?

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Je l’avoue. Cette fille m’intéresse — rétrospectivement. — La race n’a pas dégénéré. Il me semble voir une de ces tricoteuses qui nous envoyaient si joliment à la guillotine.

L’ABBÉ, distrait et énervé.

Vous saviez leur répondre.

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Nous leur répondions : « On y va, canailles. » (Désignant la pétroleuse.) Ces gens-là disent-ils la même chose, quand on les pousse au mur ?

On sonne et du bruit à la porte.
L’ABBÉ.

Que faire ? que faire ? Oh ! quelle nuit ! Quelles ténèbres !… Une faute a été commise que je voudrais racheter, et la force me manque. (Se tournant vers le crucifix.) Mon Dieu, éclairez-moi !

MONSIEUR DE RONCEVILLE, après avoir à demi réprimé
un geste nerveux, s’avançant vers l’abbé.

Moi, vous savez, monsieur le curé, je n’ai jamais cru aux pétroleuses, jusqu’à présent. Et, à bien prendre, je ne suis pas sûr de celle-ci. Pas sûr du tout. Ce serait un spécimen unique, en tous cas, et bon à conserver. Mais quelque chose me dit qu’elle se vante…