Page:Darien - L'ami de l'ordre, 1898.djvu/8

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horrible ! Partout, les fusillades sauvages, les exécutions sommaires. L’odeur nauséabonde du sang versé à flots, imbibant le sol, coulant dans les interstices des pavés comme dans les raînures des dalles, aux abattoirs ! Les cadavres, dans des poses terrifiantes, gisant à droite et à gauche, le long des murs étoilés de fragments de cervelle… ou bien entassés, tête-bêche, troués de plaies, abandonnés aux insultes d’une foule sans cœur !… Ah ! Dieu ! la pitié est donc morte !… (On entend la fusillade.) Oh ! qu’elle finisse, cette boucherie !… Et il fait si beau ! Quel splendide soleil illuminait ce charnier !… Que les hommes sont méchants !… Et ces incendies, partout ! Voyez. (Il ouvre la porte du fond et on aperçoit le panorama de Paris en flammes.) Tout Paris est en feu…

On sonne.
MARIE.

On a sonné, monsieur le curé. Voulez-vous que j’aille ouvrir ?

L’ABBÉ.

Non. Retirez-vous, plutôt, et j’irai ouvrir moi-même.

MARIE.

Comme vous voudrez, monsieur le curé, mais il serait peut-être plus prudent… (Sur un geste de l’abbé, comme elle prend sur un plateau, pour les emporter, la bouteille et les objets qui sont sur la table.) Oh ! vous pouvez faire à votre guise ; je ne vais pas vous disputer aujourd’hui, bien sûr, j’ai été trop heureuse de vous voir revenir.

On sonne de nouveau. Marie sort et l’abbé va ouvrir la porte.