opérée sous le feu. Nous aurions été vainqueurs ou vaincus, je ne sais pas ; mais la défaite, même irrémédiable, eût été préférable à notre existence actuelle. Il vaut mieux être mort que d’exister par tolérance.
Les forces du général de Porchemart diminuent rapidement ; il sait qu’il n’a plus que quelques jours à vivre et a tenu à les passer dans l’isolement le plus complet ; à part sa femme qui lui fait de rares visites, qu’il abrège, je suis la seule personne qu’il admette auprès de lui. J’ai classé certains de ses papiers, qu’il veut léguer à un ami ; j’en ai détruit beaucoup d’autres. Il a laissé tomber devant moi ce masque d’indifférence froide et silencieuse qu’il a porté si longtemps, et sous la placide conventionnalité duquel les Parlementaires, pourtant, ont su deviner la terrifiante physionomie de l’Individu.
— Les Parlementaires sont les maîtres ; et je prévois que leur règne durera, en dépit de tout. L’épée de la France, ce sera l’épée de parade qui bat le flanc du Pipeau. L’École Polytechnique — cette École qui a fait plus de mal au pays que les guerres les plus désastreuses — va fournir par grosses à la nation les gouvernants dont elle est digne. Le Bœuf sortait de Polytechnique, Trisonaye en sort aussi. Carnot aussi. Attendez un peu, et ils vont en sortir tous, pour s’occuper de vos intérêts matériels et moraux ; de vos finances ; pour défoncer vos routes et combler vos canaux ; pour fabriquer votre ignoble tabac et vos allumettes infâmes ; pour bâtir des constructions qui s’effondrent, des ponts qui croulent, des cuirassés qui coulent ; pour vendre vos chemins de fer aux grandes compagnies ; pour vous lancer dans les expéditions coloniales les plus misérables ; pour vous faire admirer leur splendide flair d’ingénieurs, de financiers et d’artilleurs ; pour vous faire cracher au bassinet, et pour se faire graisser la patte à tous les carrefours. Voyez-vous, 1870 + Carnot + Trisonaye + leurs successeurs probables = X. Et, soyez-en