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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/342

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nuation de votre existence à Malenvers, existence qui vous déplaît et que je puis rendre pire dans tous les sens, ou bien la liberté et une vie nouvelle, agréable et facile. Si nous nous entendons, je vous indemniserai largement du temps que vous m’avez consacré. Quant à l’exécution du plan, je m’occuperai de tous les détails. Vous n’aurez qu’à me laisser faire. En principe, acceptez-vous ?

Mme Hardouin, très pâle, incline la tête en signe d’assentiment.

— Je disais que vous n’auriez qu’à me laisser faire, continue Me Hardouin. Mais il faudra vous laisser faire aussi. Vous ne pouvez vous laisser pincer avec Courbassol. La loi vous interdit d’épouser votre complice. Dura lex, sed lex. Une idée. Si vous vous faisiez prendre avec ce petit officier, le lieutenant Maubart ?

— Je lui ai écrit l’autre jour, murmure la notairesse, que je ne voulais plus le voir.

— Bon. Il viendra vous demander des explications. Prévenez-moi de l’heure.

— Mais, hasarde timidement Mme Hardouin, s’il ne vient pas ?

— Dame ! Alors, il y a Renard, mon premier clerc. Il y a longtemps qu’il vous aime.

— Oh ! vraiment, proteste la notairesse… Mais, ajoute-t-elle, on peut toujours faire semblant…

— Ce ne serait pas suffisant, dit le notaire. Il se douterait de quelque chose, et il faut qu’il n’ait aucun soupçon. Du reste, une fois de plus ou de moins… Vous en verrez bien d’autres, dans la politique !… Renard est un gentil garçon ; je ne l’ai pas augmenté depuis longtemps, et je suppose qu’il est resté à l’étude pour vos beaux yeux. Vous lui devez un dédommagement. Donnez-le lui.

Mme Hardouin se lève et fait quelques pas vers la porte. Son mari vient à elle, la main tendue.