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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/459

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XXIV


Le train n’est pas plutôt parti que je me rends compte de l’absurdité du raisonnement qui m’a fait entreprendre mon voyage. La baronne a certainement fait un usage inavouable d’une indiscrétion que j’ai commise, mais il ne s’ensuit pas que toutes les assurances qu’elle m’a données soient fausses. Elles peuvent être fausses ; mais il n’est pas sûr qu’elles le soient. Je ne vois pas pourquoi elle ne m’aurait point dit la vérité ; elle n’est certainement pas femme à gaspiller les mensonges. La conscience du détestable rôle que j’ai joué malgré moi dans l’intrigue ourdie contre Bellevigne m’a certainement tourné la tête, m’a empêché de voir clairement les choses. Ce voyage à Wiesbaden est une entreprise inconsidérée, un pas de clerc. D’abord, je m’absente de Paris, je quitte même la France, sans aucune permission ; c’est, dans les circonstances présentes, souverainement imprudent. Puis, j’aurais dû m’assurer, avant de me mettre en route, des sentiments de mon oncle à mon égard. Pendant longtemps je lui ai écrit, au moins à l’occasion de sa fête et du premier janvier, et j’en ai toujours reçu des réponses affectueuses ; mais depuis plusieurs années déjà, par pure négligence, j’ai cessé de correspondre avec lui. J’aurais dû au moins l’avertir de ma visite….. Mais le train file rapidement, je