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de la croix et qu’ils brisent l’instrument de supplice auquel fut clouée leur chair. L’Église prétend compatir aux souffrances des misérables ; si sa compassion était autre chose qu’une vile hypocrisie, il y a longtemps qu’elle les aurait fait cesser. Elle en a eu le pouvoir pendant des siècles. Elle l’a encore aujourd’hui. Elle ne supprime pas la misère, parce qu’elle en vit. Toutes les églises sont à base de servitude morale et physique. L’église catholique romaine est la plus immonde de toutes ces églises. Tant qu’elle existera, elle sera le lien entre les différentes entreprises d’exploitation du Pauvre, qui manquent de cohésion et se désagrégeraient sans elle ; elle saura donner le mot d’ordre et la consigne aux gendarmes bien-pensants qui assurent la sécurité des voleurs. Tant qu’elle existera, elle s’opposera à ce qu’on délivre la femme de l’épouvantable esclavage qui la meurtrit ; elle sanctifiera la répugnante tyrannie de l’homme sur celle qui devrait être sa compagne et son amie… Il n’y a qu’un moyen, qu’un seul, de faire cesser toutes ces horreurs : c’est de ne point tolérer l’Église.

L’autre jour, je lisais ceci dans un journal religieux, une Croix quelconque : « Une petite ouvrière envoie 5 francs à S. Antoine de Padoue pour que le Sacré-Cœur de Jésus sauve la France. » Si la République avait eu quelque souci de la petite ouvrière, si elle lui avait assuré — ce qui était son devoir strict — une existence libre et décente, la petite ouvrière aurait gardé ses cent sous, n’aurait pas pensé que la France avait besoin d’être sauvée, ne se serait point adressée, pour son salut, au Sacré-Cœur de Jésus que doit fléchir le bon saint Antoine de Padoue. La République aurait dû apprendre à la petite ouvrière, lui prouver par des faits, que la France n’a pas à être sauvée, même par un cœur sacré ; et qu’en cas de besoin elle saurait se sauver elle-même en sauvant les malheureux des griffes des exploiteurs. La petite ouvrière aurait cru à la République, à la France par conséquent ; et n’aurait pas envoyé d’argent au cosmopolite saint Antoine de Padoue, qui fait retrouver les objets égarés, mais