Page:Darien - La Belle France.djvu/187

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potique et cruelle de l’homme, n’ait pas complètement abdiqué sa fierté ; quand on voit ce que les femmes ont eu à supporter, et quand on voit à quelle hauteur elles ont su maintenir leur âme ; quand on considère ce que dix ans de servitude, deux années de carnage, font de l’homme ; on doit constater que la force de résistance et l’énergie du caractère, qui sont les marques d’une supériorité certaine, ne se trouvent pas du côté de l’homme. Du reste, il suffit de considérer l’immense bêtise du politicien condamnant la race humaine, sur l’ordre du prêtre, à la perpétuelle misère, et de considérer d’autre part l’immense courage de la femme perpétuant cette race au prix de toutes les douleurs, pour ne conserver aucun doute au sujet de la prétendue prééminence de l’homme.

Le poids plus considérable du cerveau masculin, la faiblesse du sens olfactif chez la femme prouvent sans conteste l’infériorité féminine. On ignore absolument quelle est l’influence du poids d’un cerveau sur ses capacités, et la mesure du sens olfactif est une opération de haute fantaisie. Mais cela ne fait rien. L’homme, auquel la faiblesse de son odorat, amenant la nécessité de la ruse, a donné sur le chien une supériorité de mauvais aloi, a établi scientifiquement sur les fortes raisons citées plus haut le principe de sa supériorité intellectuelle et morale sur la femme. La femme a dû admettre ce principe, et l’humanité tout entière a eu à en payer le prix. Certaines nations — les nations latines, par exemple — trouvent qu’elles n’ont point payé assez cher. La France, pour ne citer qu’elle, maintient jalousement les droits de l’homme.

On n’y trouve plus, pour ainsi dire, ni hommes réels ni vraies femmes ; on y trouve des fonctionnaires, des dames et des bêtes de somme. On n’y trouve presque plus d’enfants ; on y trouve des élèves des Jésuites et du Sacré Ventricule et de la graine de bois de lit. Bientôt, d’ailleurs, on n’y trouvera plus personne ; la population décroît à vue d’œil, en dépit des primes offertes aux nombreuses familles, sous forme de bénédictions célestes. On ferait peut-être bien de se souvenir qu’il faut chercher