cherchait pas encore à faire du français la langue de la sottise et de la servitude.
Quesnay, fils de paysan, homme de courage et de génie, s’aidant de matériaux amassés déjà par l’Angleterre et par la France, avait édifié, sous Louis XV, l’indestructible assise sur laquelle seule peuvent s’établir la liberté et le bonheur de l’humanité. La tourmente révolutionnaire, sous la poussière qu’elle a soulevée, a enseveli le monument ; mais l’esprit qui avait inspiré sa structure, les idées qui avaient ordonné sa construction, se sont envolées là-bas, chez le grand peuple dont Versailles, avant de mourir, sut aider l’affranchissement. Et telles sont les vicissitudes de la pensée. Méprisées, oubliées en France, ces idées, il leur a fallu passer la grande mer pour vivre ; il leur a fallu émigrer sous la bannière semée d’étoiles ; et plus d’un siècle a dû s’écouler avant qu’elles revinssent, portées sur les vagues de l’Atlantique, avant qu’elles revinssent au pays où elles naquirent et où elles vont se déployer, tout à l’heure, dans leur majesté féconde.
Je viens de dire que la Révolution Française avait été faite, exclusivement, afin d’anéantir les idées de Quesnay. On me demande qui a fait la Révolution Française. Je réponds : Rome.
La Révolution Française est, d’un bout à l’autre, un mouvement catholique-romain.
Je ne suis pas en humeur de paradoxe. J’ai plutôt la tristesse d’un homme auquel les circonstances interdisent la possibilité de mettre au jour une œuvre qu’il porte en lui ; pour laquelle, durant des années, il accumula des matériaux. J’écris non sans colère, et avec beaucoup d’amertume. La façon, dont on accueillera ce que je vais dire, donc, m’importe peu. Je suis indifférent au sarcasme et sourd aux contradictions ; il me suffit de savoir que je ne me trompe pas.
Je n’ai pas l’intention, bien entendu, de faire ici un résumé, même succinct, de l’Histoire de la Révolution Française que je publierai dès que cela me sera matériellement possible. Je veux simplement en présenter une idée gé-