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sortir du chaos intentionnellement produit, un ordre de choses favorable aux intérêts spirituels et matériels, au bien général de l’Église.

Voilà quel était le but que Rome cherchait à atteindre. Nous avons donc, d’une part : La France, prête à se constituer en nation suivant les données simples et logiques fournies par les Physiocrates ; d’autre part : Rome, décidée à s’opposer à la formation réelle des nations.

Voici, maintenant, quelle était la situation :

D’un côté, la France avait achevé, autant que le permettaient les possibilités offertes par l’époque, son unification morale ; la perte de ses possessions d’outre-mer, mettant malheureusement (ou heureusement) un terme à ses rêves d’empire colonial, l’obligeait à se borner à « l’allure continentale ; » et l’effacement de puissances comme l’Espagne et la Hollande, la création de grands pouvoirs au Nord, la contraignaient à se concentrer et à ne pas courir, au delà de ses frontières solides, les risques d’une expansion hasardeuse. Le pouvoir exécutif était unique et fort ; et pouvait trouver les éléments d’une puissance plus grande encore dans les nombreuses institutions provinciales, communales et corporatives dont la vigueur avait été atténuée sans doute, mais dont le ressort n’était point brisé ; les fonctionnaires de l’État étaient pour la plupart des hommes éclairés, souvent remarquables, d’esprit ouvert, auprès desquels les fonctionnaires de nos jours feraient bien triste figure ; l’aristocratie, sur laquelle l’influence de l’Encyclopédie avait été énorme, était généralement fort loin de ressembler au portrait qu’on s’est plu à en tracer ; Burke, qui, en bon jésuite, dit une moitié de la vérité quand il fut temps de la dire, peut en être cru sur parole ; la plus grande partie de la noblesse française, si elle manquait de savoir et de l’esprit politique qu’elle aurait dû posséder, avait à cœur l’amélioration du sort du peuple et le bien général ; sous une impulsion habile, elle aurait très probablement consenti aux plus grands sacrifices. L’existence du clergé séculier était, pour ainsi dire, nominale ; son inspiration était rarement ultramontaine