Page:Darien - La Belle France.djvu/41

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quelle raison peut-on avoir de retarder le conflit ? Qu’est-ce qu’on attend ?

On attend que les étrangers aient pu admirer nos troupes, pendant l’Exposition ; on attend que la Russie donne le signal ; on attend autre chose ; ou rien ; ou presque rien. On attend demain ; voilà ce qu’on attend. Jusque-là, le peuple français doit continuer à verser ses sueurs, son sang et son argent. Aujourd’hui, on paye ; mais demain…

Demain, on payera encore ; et après-demain, aussi ; et l’on payera jusqu’à ce qu’une insulte trop grosse, une maladresse diplomatique trop épaisse aient forcé les voisins à engager les hostilités ; et alors, il faudra payer pour la guerre ; et après, il faudra payer pour la rançon ; et après, il faudra payer pour les statues à élever au second Thiers qui aura libéré le territoire à grands coups de milliards.

Rien, hélas ! n’a éclairé la France ; rien ne peut lui ouvrir les yeux ; elle persiste à ne rien voir. Son histoire passée, dont elle ne consent à lire que des contrefaçons honteuses, ne lui donne aucune indication sur son avenir, ne lui montre point la route qu’elle devrait suivre dans le présent. Les yeux fixés sur un mirage qui sans cesse se recule, disparaît, et ne reparaît que pour s’évanouir encore, elle semble vivre dans une atmosphère étouffante et viciée qui enlève jusqu’à la possibilité même des compréhensions nettes et jusqu’au désir de l’énergie. On dirait que sur cette nation, la pénétrant par tous ses pores, plane l’odeur suffocante et putride de la défaite, pareille à un cadavre mal enfoui que la terre rejette, boursouflé et pourri, et dont les miasmes pestilentiels viennent empoisonner les vivants.



Je ne fume que le Nil.


Il faut avouer que tout a été fait, consciemment et inconsciemment, pour empêcher le peuple français d’appren-