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le front haut, plumes au chapeau et galons à la manche ; provoquer, par leur insolence, l’explosion de la Commune ; se livrer à la répression sauvage que réclamait la conservation de leur prestige ; cacher l’infamie de leurs capitulations de Metz, de Strasbourg, de Sedan et de Paris sous l’ignominie de leurs victoires du Père-Lachaise et des Buttes-Chaumont ; devenir les plus cruels et les plus inintelligents des despotes. Et vingt ans ont dû se passer avant qu’il fût possible d’élever la voix contre eux, avant qu’on osât se permettre de discuter la tyrannie militaire.

Ce fut une grande faute, aussi, de ne point exposer dans toute son horreur la conduite généralement abjecte de la population civile qui s’était refusée à prendre les armes — ou qui ne les prit que pour les rendre aux Prussiens. — Il eût été bon de mettre à nu l’égoïsme, la cupidité, la couardise et l’hypocrisie de la classe possédante et boutiquière ; de démontrer que son unique souci fut de protéger ses propriétés et d’accroître ses bénéfices, même par les plus honteux des moyens ; qu’elle ne se fit nul scrupule de troquer des vies françaises contre de l’or allemand ; et que, pour avoir la paix nécessaire à ses vils trafics, elle fit mettre à l’encan, par la tourbe qu’elle envoya siéger à l’Assemblée Nationale, l’honneur et l’existence même de la France.

L’existence, ce n’est pas trop dire. Car le traité de Francfort étrangle la France, lui lie pieds et poings, la tue virtuellement. Géographiquement, militairement, commercialement, à tous les points de vue il est aisé d’en constater les effets. Et pourtant, quelle que soit la dureté des articles que l’on en connaît, il en contient d’autres dont le caractère est tel que les gouvernements qui se sont succédé depuis 70 n’ont jamais osé les rendre publics. Ce n’est pas hier qu’un diplomate, qui savait à quoi s’en tenir sur les conditions odieuses imposées à la France, écrivait : « Toute notre armée n’existe que sur le papier. Tout ce qui se publie n’est que fantasmagorie pour satisfaire un public de gogos. Bien coupables sont ceux qui ont caché aux Français les clauses secrètes du traité de