Page:Darien - La Belle France.djvu/51

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rentes que réelles. Ils ont déjà plusieurs fois changé leur tactique sans qu’on y prît garde. Ils ont, présentement, complètement cessé de parler de Revanche ; ils ne parlent plus que de Défense nationale. Revanche ou Défense nationale, peu leur chaut ; ce qu’il leur faut, c’est une tête de Méduse qui pétrifie les intelligences. Mais il importe, peut-être, de faire connaître aux voisins que la France renonce à l’offensive ; que son armée est destinée exclusivement à des besognes intérieures ; et d’obtenir, en retour, une sorte de carte blanche — qu’on pourra transformer, le moment venu, en table de proscription.

Qu’on ne se récrie pas. La France en est là, et il faut avoir le courage de l’avouer : elle ne peut agir à l’extérieur, elle ne peut — surtout — opérer chez elle aucun changement profond, sans l’assentiment, au moins tacite, des nations environnantes ; ou bien sans être résolue à repousser leur intervention, au premier mot ou au premier pas, à coups de canon. Plus le temps passe, plus la situation s’aggrave. Je ne crois pas qu’aucun parti bourgeois, désireux de modifier la forme du gouvernement et de se hisser au pouvoir, se décide à risquer la lutte avec les voisins ; il préférera négocier. Et, plus ce parti contiendra d’éléments militaires, plus il préférera négocier. Il y a beaucoup de chances, d’ailleurs, pour que les négociations n’aboutissent point. — Je ne parle pas au futur. — Il y a des chances — chose terrible — pour que l’Anglais et l’Allemand continuent à défendre la France contre elle-même, sa liberté partielle contre la réaction complète, contre les deux monstres qui la guettent : la pieuvre militaire et le vampire catholique.

Quant à la guerre, non, aucun parti bien-pensant ne se déterminera à en courir l’aventure ; les résultats en sont trop prévus. Et les professionnels du carnage, bien qu’ils aient semblé prendre à cœur de justifier d’avance toutes les représailles de l’avenir, seront les premiers à ne pas provoquer un danger dont les conséquences seraient immédiates. C’est pourquoi, tout compte fait, on ne marchera pas ; à la grande colère, vraie ou feinte, de la clique