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LE VOLEUR

toute ma force ; et qu’elle a réduit à néant mon parti pris d’indifférence. Où vais-je ?… Je me rappelle que j’avais fait un rêve autrefois. J’avais rêvé de reprendre ma jeunesse, ma jeunesse qu’on m’avait mise en cage. Et elle vient de se présenter à moi, cette jeunesse, en celle de cette femme qui s’offrait et que je n’ai pas voulu prendre. Le sable coule grain à grain dans le sablier… Où vais-je ?

Ce soir, ce sera le cambriolage à Louvain, avec Roger-la-Honte, sur les indications du nommé Stéphanus, employé de banque. Et demain… Et après ?… Et ensuite ?…


Quand on descend dans une mine, après le soudain passage de la lumière aux ténèbres, après l’émotion que cause la chute dans le puits, la certitude vous empoigne — la certitude absolue — que vous montez au lieu de descendre. Cette conviction s’attache à vous, s’y cramponne, bien que vous sachiez que vous descendez, et vous ne pouvez vous en défaire avant que la cage vous dépose au fond. Alors…

J’y suis, au fond.