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LE VOLEUR

humaine, et la loi humaine, pour faire obéir à la loi divine, sèment l’épouvante dans notre cœur. La voix de ce qu’on appelle la conscience, qui ne trouve pas d’écho dans les cerveaux pleins, résonne si fort dans les cerveaux vides ! Et la conscience — interprétée, ainsi qu’elle l’est d’ordinaire, comme un privilège strictement humain — la conscience, c’est la Peur… Enfin, vous voici veuf. Profitez du temps qui vous est laissé, car votre amie pourrait avoir des remords. Elle en aura même certainement. Tâchez d’être loin quand la crise se produira et qu’elle viendra implorer votre pardon. Nolite confidere hominibus, ni aux femmes repentantes… Combien de temps pensez-vous rester à Paris ?

— Quinze jours, environ. Après quoi, j’irai régler mes affaires à Londres et partirai je ne sais où.

— Excellente idée. En vous mettant en route pour ce pays-là, passez donc par Bruxelles. Vous m’y trouverez, j’y vais après-demain et j’y resterai un mois.

— Bon. Il faudra que je vous charge d’une commission auprès d’un insoumis qui doit avoir fini un petit travail pour moi ; vous lui direz de me l’envoyer. Et puis, moi, en quittant Londres, je vous apporterai des papiers que j’ai volés à droite et à gauche, que j’ai conservés sans même en prendre connaissance, le plus souvent, et qui pourront vous être utiles.

— C’est fort possible, dit l’abbé. Merci. Et merci encore, d’avance, pour le déjeuner que vous allez m’offrir quelque part ; un déjeuner d’héritier, hein ?