Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/49

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2° Celles où ils sont génies des eaux et des plantes (valeur matérielle) ;

3° Celles où ils sont génies de l’Abondance (valeur abstraite dérivée).

§ 29. Valeur abstraite primitive :

Ahmed anhaivahistem yé moi vtdvâo vaocai haiihim mâthrem yim liaurvatàtô ashahyâ ameretâtaçca (Y. 31. 6).

« Qu’à celui-là appartienne la félicité^^1, qui me révélera en toute vérité, comme il la connaît, cette parole du Pur, cette parole de santé et d’immortalité. »

Ici la tradition est intéressante à consulter. Plus haut, Haurvatât était pour elle « ce qui produit tout » (§ 16) : il est à présent « ce qui fait tout aller dans le bien » : {{lang|peo-Latn|mançr hamàrûhashn, aigli hamà dam pann zak râç i mançr râvar o kveshisli i auhrmazd yea7}iatûnît^^2 : « la Parole qui fait tout marcher : c’est-à-dire que toute la création, par la voie de la Parole, se range sous la domination d’Ormuzd ». On voit d’ici le procédé : ne comprenant plus dans haurvatâi que le mot haurva, tout,

1. Autrement dit : béni celui, qui… La tradition, toujours préoccupée d’intérêts scolastiques, voit dans le premier vers le principe de la supériorité des docteurs de la loi sur leurs élèves : narman îlû pûhrûm mann o li akâçiliâ yemalalûne askârahu rosnak aigh herpat sipir aùjh hâvist : « celui-làest supérieur qui dans sa science me révèle d’une façon manifeste et claire… c’est-à-dire Vherbed est supérieur au disciple. » Il y a bien dans le texte quelqu’un qui enseigne et quelqu’un qui veut savoir, mais rien de plus, nulle trace d’institution. Autant vaudrait voir allusion à un corps enseignant dans le vers védique : acikitvân cikiiushaç cid alra kavin prchâmi vidmane na vidv’m : « ne comprenant pas ces choses, j’interroge les sages ici présents qui pourraient les comprendre, afin de savoir, moi qui ne sais pas « (1. 164, 6).

2. Zak râç est une correction de M. Spiegel (Commentaire, II, 239), le texte porte rak râç. Je transcris auhrmazd au lieu de la lecture traditionnelle anhûmâ, qui a encore trop de partisans, bien que la lecture véritable ait depuis longtemps été indiquée par M. Westergaard (Zend Avesta, préface, p. 20, n. 2) et démontrée par M. Garrez (Journal asiatique, 1869, II, 105 sq.). — Je représente par l le l sémitique et par r le r persan, quel que soit le caractère pehlvi qui les représente (l ou r ou n) ; c’est la seule chose à faire du moment qu’on vocalise : la transcription, infidèle au point de vue paléographique dès qu’on ajoute les voyelles, devient du moins plus fidèle phonétiquement. Le groupe KNTNN se prononçait certainement kartann ; le transcrire kantann, c’est prendre un fait d’écriture pour un fait de phonétique.