Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/50

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on relie ce mot à mãthrem en sous-entendant une idée édifiante. On arrive ainsi du même coup à donner un sens à un mot embarrassant et à édifier le fidèle : il y a double profit.

J’ai séparé ashahyô. des deux génitifs qui l’entourent et j’ai traduit en le rapportant directement à mâthrem, au lieu de l’y rapporter indirectement comme les deux autres par l’intermédiaire de yim^^1 ; autrement dit, je fais le mot-à-mot suivant :

mãthrem ashahyâ yim haurvatàtô ameretâtaçca.

Je m’y crois autorisé par un passage du même hymne, qui est la contre-partie de celui-ci :

1° bis. ma cis ai vé dregvatô mâtliràçcâ gûstâ çaçnâoçca âzî demânem vîçemvà shôithremvâ daqyûmvâ âdâi dushitàcâ mahrkaêcâ. (18)

« Que nul de vous n’écoute les Paroles et les enseignements du Pervers ; il porterait dans sa maison, dans son bourg, dans son pays, dans sa province, la maladie et la mort^^2. »

Ces deux morceaux expriment l’un sous forme directe, l’autre sous forme inverse, une seule et même idée : à la Loi du Bon Principe sont attachées santé et immortalité. Même pensée, sous forme directe :

2° ai fravakhshyâ hyai moi mraoi çpentotemo
vaçé çrûidyâi hyai maretaêibyô vahistem
yoi moi ahmâi çeraoshem dan cayaçca
upa gimen haurvâtâ ameretâtât^^3 (44, 5).

1. Si les trois génitifs étaient parallèles, on aurait probablement, étant données les habitudes de style des Gâthâs, ashahyâcâ.

2. La tradition, dans dushiti, semble voir dus+iti, pehlvi dûsruhasnis Nériosengh dushtâm pravrttim). Il faudrait pour cela qu’on eût dujili (cf. dujita = dus + ita). Dushiti se ramène donc, comme le veut M. Justi (s. v.) à la racine dush (pour le suffixe, cf. p. 371, § 220, e). Cette racine signiQe : « mettre à mal, corrumpere ; » de là le sanscrit dosha, mal, au sens général du mot, et dans un sens spécial, maladie (Dictionnaire de St-Pétersbourg s. v. 6 et 7), duskti, corruptio. Donc étymologiquement le mot zend peut signifier maladie ; et il doit le signifier parce qu’il fait partie d’un couple dont le second terme est mahrka et qu’il s’annonce par suite comme un substitut de yaxma, akhii (cf. § 24). — Dushitâ est un locatif à forme védique (Benfcy, Grammaire sanscrite, § 302, n. 3). — Pour la construction daqyûm âdâi dushitâ, provinciam in niorbo ponat ; cf. la construction védique absolument équivalente : dyâvà prthivi amo dbàs (1,63, 1) « cœlum et terras in robore posuisti. »

3. Vaçé : nouvel exemple du changement de d, ou pour mieux dire de as en e (cf. fçcratu^ ^ 20) ; le prâcrit de Mâgadba offre un exemple