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dans le vers précédent, et il est difficile de dire si c’est à raison ou à tort, parce qu’il est impossible de savoir si le groupe ameretâitî itayûtâ présentait encore au rédacteur de cette strophe le sens qu’il avait quand il est né. En voici une où Ameretâ^ a bien certainement le sens récent et désigne l’immortalité céleste :

5° yêzî adâis ashâ drugem vénhaitê kyai àçashutâ yâ daibitânâ fraokhtâ ameretâitî daêvâisca mashyâisca at tôi çavâis vahmem vakhshat ahurâ. (47. 1) « Au jour où Asha tuera la Drug, au jour de l’immortalité, quand aux daêvas et aux hommes sera faite la rétribution qui mensongèrement fut niée alors s’élèvera vers toi avec sainteté un hymne puissant, ô Ahura ^^2. »

§ 30. Nous passons aux textes de la seconde classe, ceux qui supposent la transformation des dieux de Santé et d’Immortalité en dieux des eaux et des plantes.

Voici une strophe où le passage se marque :

1° dâidî moi yé gàm tashô apaçcâ urvarâoçcà ameretàtâ haurvatàtâ çpenistà mainyû mazdâo tévîshî itaj^ûitî mananhà vohû çehhê^^2. (50. 7)
« Donne-moi, toi qui as créé la vache, et les eaux et les plantes, donne-moi, ô très-saint esprit, Mazda, l’immortalité et la santé,

1. On peut mettre en regard de ces vers les lignes suivantes du Coran (cf. la dernière note du § 8) :

(Les infidèles se lèveront de leurs tombeaux), et regarderont de tous côtés :

Malheur à nous ! s’écrieront-ils ; c’est le jour de la rétribution.

— C’est le jour de la décision, leur dira-t-on, ce jour que vous traitiez de chimère (37, 19 sq., trad. Kasimirski).

2. àçashutâ = venu en partage (v. Justi s. v.). La tradition ne comprenant plus âça ne l’a pas traduit (amat zak deamatannît). âçor-shu est un composé à la façon du sanscrit çuklî-lhû, mais le thème est encore inaltéré (cf. duskhâ-kar). Le vers signifie mot-à-mot : quand seront réparties les choses dont il a été parlé avec mensonge (maunash pann frîftâris frac guft, aigh : là yeamatùnit « dont on parlait mensongèrement, disant : elles ne viendront pas »). Daibilana nous montre le thème d’infinitif du perse et du persan employé en zend avec son sens primitif de substantif. — La traduction du dernier vers est douteuse : elle est d’ailleurs indifférente à notre objet.