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Page:Darmesteter - La chute du Christ, 1879.djvu/38

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pour toi plus doux, plus tendre et plus près de ton cœur ?

» Je t’ai donné de l’eau, ayant soif ; je t’ai donné du pain, ayant faim ; je t’ai vêtu, quand tu étais tout nu. Qu’avais-je fait pour mourir, ô mon père ?

» Ah ! fallait-il nous donner la vie ? nous veiller du fond du néant ? gonfler nos cœurs des souffles joyeux de l’existence, pour les laisser ensuite se briser ou s’éteindre ?

» Oh ! mieux eût valu ne jamais naître, ne jamais régner dans les profondeurs de ton âme, que de ronger ici comme un os pourri le dur souvenir de nos gloires passées ! »

Et le Serpent, le Serpent antique, se redressant d’un trait, bondit comme une flèche jusqu’à moi, et de sa langue à trois pointes me darda ces mots : « Maudit sois-tu de tous les dieux, et de tous tes morts sois maudit !

» Et, avant tout, maudit soit ton Christ, le dieu nouveau pour qui tu as égorgé les dieux anciens ! « Maudit soit le Christ dans les hauteurs, et qu’il en croule à son tour sous ta main ! »

Et d’un bout à l’autre du Schéol, de l’angle où nage le Behémoth à l’angle où rampe le