joindre les six cent mille victimes qui, dit-on, avaient péri de sa main. Sa chute avait été amenée par une lettre qu’il avait envoyée au khalife Almansor, et qui est comme l’acte de repentir d’un Danton musulman :
« J’avais un guide de la famille du Prophète qui devait m’enseigner la doctrine et les devoirs prescrits par Dieu. Je croyais trouver chez lui la science ; mais il m’a conduit à l’erreur, à l’aide du Coran même, car il le faussait par amour pour les biens de ce monde. Il m’a ordonné, au nom de Dieu, de tirer l’épée, de bannir tout sentiment de pitié de mon cœur, de n’accepter des adversaires aucune justification et de ne pardonner aucune erreur. Tout cela, je l’ai fait ; je vous ai frayé la route qui conduit au pouvoir, car je ne vous connaissais pas ; mais maintenant Dieu m’a tiré de mon erreur ; maintenant je ne vous connais que trop bien ; maintenant je me repens et fait pénitence. Que Dieu me pardonne toutes les injustices que j’ai commises ; mais, s’il ne me pardonne pas,