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rabbin de France, M. Zadoc Kahn, et je n’ai qu’à résumer les notes qu’il a bien voulu me fournir.

Les trois bénédictions citées forment un ensemble inséré dans une série de bénédictions du même type, mais d’un autre sentiment et d’une autre origine et qui répondent aux divers actes du réveil et du lever. Ainsi en entendant le chant du coq, le fidèle bénit Dieu d’avoir donné au coq l’intelligence de distinguer le jour de la nuit[1] ; en ouvrant les yeux, il bénit Dieu qui rend la vue aux aveugles ; en se menant sur son séant, Dieu qui délivre les prisonniers (au figuré) ; en s’habillant, Dieu qui revêt ceux qui sont nus, etc. Nos trois eulogies, qui n’ont aucun rapport avec ces actes spéciaux, sont insérées après celle du coq et interrompent assez maladroitement la série ; le rituel portugais, plus conséquent, les rejette tout à la fin.

La série que nous appelons « la Série du lever » est sortie des écoles de Babylonie : le Talmud de Babylone (Berakhot, 60 b) les attribue à des rabbins des troisième et quatrième siècles, Rab, Samuel et Abaï : ce dernier né vers 280, mort en 338, fut placé en 330 à la tête de l’Académie rabbinique de Pumbaditha.

Les trois eulogies qui nous intéressent sont plus anciennes et viennent de Palestine. Elles paraissent pour la première fois dans le traité Menahot, 43 b, qui les attribue à Rabbi Méir, le Tanna Pa-

  1. De là le nom du coq, Sekhvi « l’intelligent » ; en zend parôdarsh, « celui qui voit d’avance ». Voir Vendidad, xviii, 15 (34), 23 (51).