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PUISSANCE DIGESTIVE.

des plants de Drosera, 5 cubes ayant exactement la même grosseur que ceux que j’ai employés dans les expériences suivantes. Il faisait chaud ; au bout de quatre jours, quelques-uns de ces cubes présentèrent quelques traces de décoloration et de moisissure et leurs angles s’étaient quelque peu arrondis, mais ils n’étaient pas entourés d’une zone de liquide transparent comme ceux qui sont soumis à l’acte de la digestion. D’autres cubes conservèrent leurs angles et leur couleur blanche. Au bout de huit jours, ils avaient tous diminué dans une certaine mesure, ils s’étaient décolorés et leurs angles s’étaient considérablement arrondis. Néanmoins, sur ces cinq spécimens, la partie centrale de quatre était encore blanche et opaque. Nous allons voir que leur condition différait donc considérablement de celle des cubes soumis à l’action de la sécrétion.

Première expérience. — J’employai d’abord des cubes d’albumine assez gros ; les tentacules étaient tous infléchis au bout de vingt-quatre heures ; le lendemain, les angles des cubes s’étaient dissous et arrondis[1] ; mais les cubes dont je me servais étaient trop gros, de telle sorte que les feuilles souffrirent ; au bout de sept jours, l’une mourut et les autres étaient mourantes. L’albumine conservée pendant quatre ou cinq jours, et qui, on peut le présumer, a commencé à se désagréger quelque peu, semble agir plus rapidement que celle provenant d’œufs nouvellement cuits. Comme j’employais ordinairement cette dernière, j’avais l’habitude de l’humecter avec un peu de salive, pour que les tentacules s’infléchissent plus rapidement.

Deuxième expérience. — Je plaçai sur une feuille un cube ayant 1/10e de pouce, c’est-à-dire que chaque côté avait 1/10e de pouce ou 2mm,54 de longueur ; au bout de cinquante heures, ce cube s’était transformé en une sphère ayant environ 3/40e de pouce (1mm,905) de

  1. Dans mes nombreuses expériences sur l’a digestion des cubes d’albumine, j’ai observé invariablement que les angles et les bords s’arrondissaient d’abord. Or, Schiff constate (Leçons phys. de la digestion, vol. II, p. 149, 1867) que c’est là un des caractères de la digestion de l’albumine par le suc gastrique des animaux. D’autre part, il remarque que « les dissolutions en chimie ont lieu sur toute la surface des corps en contact avec l’agent dissolvant. »