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la base fibreuse des os offrent moins d’aliments au Drosera que les insectes, la viande, l’albumine, etc. C’est là une conclusion intéressante, car on sait que la gélatine n’est qu’un aliment bien pauvre pour les animaux, et il en serait probablement ainsi du tissu aréolaire et de la base fibreuse des os. La chondrine que j’ai employée a agi plus puissamment que la gélatine, mais il me serait impossible d’affirmer que cette substance était pure. Il est un fait plus remarquable encore, c’est que la fibrine, qui appartient à la grande classe des protéïdes[1], qui comprend l’albumine, dans un des sous-groupes, n’excite pas plus les tentacules, ou ne les fait pas rester infléchis plus longtemps que la gélatine, que le tissu aréolaire, ou que la base fibreuse des os. On ne sait pas combien de temps survivrait un animal si on le nourrissait uniquement de fibrine ; toutefois, le docteur Sanderson croit qu’il vivrait plus longtemps que si on le nourrissait de gélatine ; or, on pourrait presque prédire, à en juger d’après les effets produits sur le Drosera) que l’albumine est plus nutritive que la fibrine. La globuline appartient aussi aux protéïdes et forme un autre sous-groupe ; cette substance, bien que contenant quelques matières qui ont excité assez vivement le Drosera, a été à peine attaquée par la sécrétion et ne l’a été que très-peu et très-lentement par le suc gastrique. On ne sait pas si la globuline pourrait servir d’aliment aux animaux. Nous voyons donc que les diverses substances digestives dont nous avons parlé agissent très-différemment sur le Drosera, et nous pouvons très-probablement conclure qu’il existe entre elles des degrés très-différents au point de vue nutritif, et pour le Drosera, et pour les animaux.

Les glandes du Drosera absorbent certaines matières

  1. Voir la classification adoptée par le docteur Michael Foster dans le Dict. of Chemistry de Watts, supplément, 1872, p. 969.