Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
DROSERA ROTUNDIFOLIA.

liques et probablement beaucoup d’autres substances ; mais l’absorption d’une substance quelle qu’elle soit, par ces papilles, ne provoque jamais l’inflexion. Il faut se rappeler que le mouvement de chacun des tentacules dépend d’une excitation de la glande de ce tentacule, sauf, toutefois, quand l’impulsion lui est transmise par les glandes du disque, et, dans ce cas, comme nous venons de le dire, le mouvement ne se produit qu’au bout d’un certain laps de temps. J’ai fait ces remarques parce qu’elles prouvent que lorsqu’une feuille est plongée dans une solution et que tous les tentacules s’infléchissent, on peut évaluer avec quelque degré de certitude la quantité de sel absorbée par chaque glande. Par exemple, si l’on plonge un feuille portant 212 glandes dans une quantité mesurée d’une solution contenant 1/10e de grain de sel et que tous les tentacules extérieurs, sauf 12, s’infléchissent, on peut être sûr que chacune des 200 glandes peut en moyenne avoir absorbé au plus 1/2000e de grain du sel. Je dis au plus, car les papilles en auront absorbé un petite quantité, et les 12 tentacules qui ne se sont pas infléchis auront pu aussi en absorber un peu. L’application de ce principe conduit à quelques conclusions remarquables relativement à la petitesse des doses qui causent l’inflexion.

De l’action de l’eau distillée au point de vue de l’inflexion.

Bien que, dans toutes les expériences importantes, je doive décrire la différence existant chez les feuilles plongées simultanément dans l’eau distillée et dans les différentes solutions, il est bon de donner tout d’abord un résumé des effets de l’eau. En outre, le fait que l’eau pure agit sur les glandes mérite en lui-même quelque attention. Je plongeai dans l’eau 141 feuilles, en même temps que d’autres dans les solutions, et je notai l’état de ces feuilles à de courts intervalles de temps. J’observai séparément dans l’eau 32 autres feuilles, ce qui fait un total de 173 expériences. Je plongeai aussi, à d’autres époques, de grandes quantités de feuilles dans l’eau, mais sans garder des notes exactes sur les effets produits ; cependant, ces différentes observations tendent à confirmer les conclusions auxquelles j’arrive dans ce chapitre. Quelques-uns des tentacules à longue tête, c’est-à-dire de 1 à 6 environ, s’infléchissent ordinairement une demi-heure après l’immersion ; il en est de même parfois pour quelques tentacules extérieurs à tête ronde, et rarement pour un nombre considérable de ces tentacules. Après une immersion de cinq à huit heures, les tentacules courts environnant les parties extérieures du disque