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EFFETS DES SELS D’AMMONIAQUE.

ne se redressent jamais dans un laps de temps aussi court que six ou huit heures. D’après ce que nous venons de dire, il peut paraître difficile de distinguer les effets de l’eau de ceux des solutions très-faibles ; toutefois, dans la pratique, on n’éprouve pas la moindre difficulté tant qu’on n’emploie pas des solutions excessivement faibles ; mais alors, comme on peut s’y attendre, la distinction devient très-douteuse et disparaît enfin complétement. Mais, comme dans tous les cas, sauf dans les plus simples, je décrirai l’état des feuilles plongées simultanément, pendant un même laps de temps, dans l’eau et dans les solutions, le lecteur sera à même de juger.

Carbonate d’ammoniaque.

Ce sel, absorbé par les racines, ne provoque pas l’inflexion des tentacules. J’ai placé une plante dans une solution de 1 partie de carbonate d’ammoniaque pour 146 parties d’eau, de façon à pouvoir observer les jeunes racines parfaitement saines. Les cellules terminales qui étaient de couleur rose devinrent immédiatement incolores, et leur contenu limpide devint nuageux, comme une gravure à la manière noire ; une certaine agrégation s’était donc instantanément produite, mais aucun autre changement ne se produisit, et les poils servant à l’absorption ne furent pas visiblement affectés. Les tentacules de la plante ne s’infléchirent pas. Je plaçai deux autres plantes, dont les racines étaient entourées de mousse humide, dans 1/2 once (14,198 millilitres) d’une solution contenant 1 partie de carbonate pour 218 parties d’eau, et je les observai pendant vingt-quatre heures ; aucun tentacule ne s’infléchit. Pour produire l’inflexion, il faut que le carbonate soit absorbé par les glandes.

La vapeur d’une solution d’ammoniaque produit un effet puissant sur les glandes et provoque l’inflexion. Je plaçai sous une cloche de verre d’une contenance de 122 onces liquides, trois plantes dont les racines plongeaient dans des bouteilles, de façon que l’air environnant ne puisse