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EFFETS PRODUITS PAR DIVERS POISONS.

faible mesure, mais pas plus qu’il n’arrive quelquefois à la suite d’une immersion aussi prolongée dans l’eau.

Acétate de morphine. Je fis un grand nombre d’expériences avec cette substance, mais sans obtenir des résultats bien certains. Je plongeai un nombre considérable de feuilles dans une solution contenant 1 partie d’acétate de morphine pour 218 parties d’eau et je les y laissai de deux à six heures, sans que les tentacules d’aucune d’elles s’infléchissent. Elles ne furent pas non plus empoisonnées, car lavées et plongées dans de faibles solutions de phosphate et de carbonate d’ammoniaque elles s’infléchirent bientôt fortement et le protoplasma des cellules s’agrégea complétement. Toutefois, si l’on ajoute du phosphate d’ammoniaque à la solution de morphine dans laquelle plongent les feuilles, l’inflexion ne se produit pas rapidement. J’appliquai de la façon ordinaire des gouttes microscopiques de la solution à la sécrétion de 30 ou 40 glandes ; cette application sembla considérablement retarder l’inflexion des tentacules sur les glandes desquels j’avais placé six minutes après des parcelles de viande, un peu de salive ou des éclats microscopiques de verre ; dans d’autres expériences, au contraire, aucun retard semblable ne se produisit. Des gouttes d’eau appliquées dans les mêmes conditions ne retardent jamais l’inflexion des tentacules ; des gouttes d’une solution de sucre de la même force, c’est-à-dire contenant 1 partie de sucre pour 218 parties d’eau retardent quelquefois l’action subséquente de la viande et des parcelles de verre, mais quelquefois aussi n’ont aucun effet. Je pensai un moment que la morphine agit comme narcotique sur le Drosera, mais j’ai dû renoncer à cette hypothèse quand de nombreuses expériences m’eurent démontré de quelle façon singulière l’immersion dans certains sels et dans certains acides non vénéneux empêchent l’action subséquente du phosphate d’ammoniaque.

Extrait de jusquiame. Je plongeai plusieurs feuilles, chacune dans 30 minimes d’une infusion contenant pour 1 once d’eau 3 grains de l’extrait tel qu’il est vendu par les pharmaciens. Après être resté pendant cinq heures quinze minutes dans la solution, l’une de ces feuilles n’était pas infléchie ; je la plongeai alors dans une solution de carbonate d’ammoniaque (1 grain pour 1 once d’eau) ; au bout de deux heures quarante minutes, les tentacules étaient considérablement infléchis et les glandes très-noircies. Je plongeai dans 120 minimes d’une solution de phosphate d’ammoniaque (1 grain de phosphate pour 20 onces d’eau) 4 feuilles, qui étaient restées pendant deux heures quatorze minutes dans la solution d’hyoscyamine ; cette