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DIGESTION.

mage se rouvrit ayant l’extrémité contenant l’albumine. Mais je ne gardai aucune autre note sur cette expérience.

Treizième expérience. — Je plaçai sur une feuille un globule ayant environ 1/10e de pouce (2,54 millim.) de diamètre de caséine préparée chimiquement ; la feuille se rouvrit spontanément au bout de huit jours. La caséine s’était alors transformée en une masse molle, visqueuse, mais dont le volume avait à peine diminué ; cette masse baignait dans la sécrétion acide.

Ces expériences suffisent pour prouver que la sécrétion des glandes de la Dionée dissout l’albumine, la gélatine et la viande, à condition toutefois qu’on ne place pas des morceaux trop gros sur les feuilles. Les globules de graisse et le tissu fibro-élastique ne sont pas digérés. La feuille absorbe ensuite la sécrétion avec les matières qu’elle a dissoutes, à condition que ces dernières ne se trouvent pas en excès. D’autre part, bien que la caséine, préparée chimiquement, et le fromage provoquent chez la Dionée, tout comme chez le Drosera, des sécrétions abondantes très-acides, en raison, je crois, des matières albumineuses que contiennent ces substances, elles ne sont cependant pas digérées, et si elles sont réduites en volume, cette réduction n’est pas appréciable[1]

  1. M. Balfour, professeur de botanique à l’Université d’Édimbourg, a publié un mémoire intitulé : Account of some experiments on Dionoea muscipula, dans le recueil intitulé : Transactions of the botanical Society of Edinburgh, t. XII, p. 334. La communication verbale à la Société est du 10 juin 1875.
    Irritabilité. — Elle existe seulement dans les six poils de la face supérieure de la Dionœa ; mais ne se rétablit pas immédiatement après l’absorption de matières animales. Ainsi une grosse mouche bleue placée sur une feuille fut prise entre les valves, et absorbée en vingt-six jours. Le vingt-septième, ces poils stimulés à plusieurs reprises ne donnèrent aucun signe de sensibilité ; celle-ci varie suivant diverses circonstances : le soleil la favorise, l’eau n’exerce aucune action, même lorsque les poils sont noyés dans le liquide. Le chloroforme, au contraire, agit énergiquement. Si on coupe les poils sensibles, la feuille se ferme encore sous l’influence d’un choc ou d’une irritation, mais d’une manière irrégulière et incomplète.