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Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/388

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DIONÆA MUSCIPULA.

vaisseaux adjacents se réunissent pour pénétrer dans les poils marginaux. À quelques-uns de ces points de réunion, les vaisseaux décrivirent des cercles curieux, semblables à ceux que nous avons décrits en parlant du Drosera. Ainsi donc une ligne continue en zigzag de vaisseaux règne tout autour de la circonférence de la feuille, et tous les vaisseaux se trouvent immédiatement en contact dans la côte centrale ; de telle sorti que toutes les parties de la feuille semblent, jusqu’à un certain point, communiquer entre elles. Néanmoins, la présence des vaisseaux n’est pas nécessaire à la transmission de l’impulsion motrice, car cette impulsion part du sommet des filaments sensitifs qui ont environ 1/20e de pouce (1,27 millim.) de longueur, et dans lesquels ne pénètre aucun vaisseau ; il m’eût été difficile, en effet, de ne pas les remarquer, car j’ai fait des sections verticales très-minces, de la feuille à la base des filaments.

À plusieurs reprises, j’ai fait avec une lancette, à la base des filaments, des incisions ayant environ 1/10e de pouce de longueur (2,54 millim.) parallèlement à la côte centrale, c’est-à-dire sur le chemin même des vaisseaux. J’ai opéré ces incisions tantôt entre les filaments et la côte centrale, tantôt en dehors des filaments ; quelques jours après la réouverture des feuilles, je touchai les filaments un peu rudement, car ils sont toujours rendus plus ou moins inactifs par l’opération ; les lobes se fermèrent alors comme à l’ordinaire, bien que lentement, et quelquefois après un laps de temps considérable. Ces faits prouvent que l’impulsion motrice ne se transmet pas le long des vaisseaux ; ils prouvent, en outre, qu’une communication directe entre le filament touché avec la côte, ainsi qu’avec le lobe opposé, ou avec les parties extérieures du même lobe, n’est pas nécessaire.

Je fis ensuite, de la même façon qu’auparavant, sur cinq feuilles distinctes, deux incisions parallèles à la côte