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ABSORPTION.

quelles viennent se prendre, assez rarement d’ailleurs, des petits insectes. J’ai laissé séjourner quelques feuilles pendant vingt-trois heures dans une faible infusion de viande crue et d’autres dans l’eau ; je comparai alors les poils, mais je ne pus guère observer la moindre différence entre eux. Dans les deux cas, le contenu des cellules semblait un peu plus granuleux qu’auparavant ; toutefois, je ne pus distinguer aucun mouvement. Je plongeai d’autres feuilles dans une solution contenant 1 partie de carbonate d’ammoniaque pour 218 parties d’eau ; au bout de vingt-trois heures, les matières granuleuses me parurent avoir aussi augmenté ; mais une de ces masses garda exactement la même forme après un intervalle de cinq heures ; de sorte qu’il est difficile de penser qu’elle se composait de protoplasma vivant. Ces glandes semblent posséder à un très-faible degré la propriété d’absorption ; en tous cas, elles la possèdent beaucoup mieux que les plantes dont nous nous sommes occupé précédemment.

Mirabilis longiflora. — Les tiges et les surfaces des feuilles portent des poils visqueux. Je possède quelques jeunes plants qui ont de 12 à 18 pouces de hauteur ; ces plants, placés dans une serre, ont capturé tant de petits diptères, de coléoptères et de larves qu’ils en sont absolument couverts. Les poils sont courts, de longueur inégale ; ils se composent d’une seule rangée de cellules, surmontées par une cellule plus grande qui sécrète des matières visqueuses. Ces cellules terminales ou glandes contiennent des granules et souvent des globules de matière granuleuse. À l’intérieur d’une glande, qui avait capturé un petit insecte, une de ces masses changeait incessamment de forme, et on aurait dit qu’un vide se formait de temps en temps à l’intérieur. Je ne crois pas toutefois que ce protoplasma ait été engendré par les matières provenant de l’insecte mort et que la glande aurait absorbées ; en effet, en comparant diverses glandes qui avaient ou qui n’avaient pas capturé d’insectes, je n’ai pas remarqué la moindre différence entre elles, et toutes contenaient de fines matières granuleuses. Je plongeai un morceau de feuille dans une solution contenant 1 partie de carbonate d’ammoniaque pour 218 parties d’eau. Après y avoir séjourné vingt-quatre heures, les poils semblaient fort peu affectés ; peut-être cependant les glandes étaient elles devenues un peu plus opaques. Mais dans le limbe de la feuille, les grains de chlorophylle, près des surfaces coupées, s’étaient coagulés ou agrégés. Les glandes d’une autre feuille ne furent pas affectées par une immersion de vingt-quatre heures dans une infusion de viande crue ; toutefois le protoplasma contenu dans les cellules des pédicelles s’était beaucoup écarté des parois. Ce dernier effet peut