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MOUVEMENTS DES FEUILLES.

Nous voyons ainsi que les feuilles visqueuses capturent de nombreux insectes et d’autres objets ; mais ce fait ne nous donne pas le droit de conclure que l’habitude est avantageuse à la plante plus qu’elle ne l’est au Mirabilis ou au Marronnier d’Inde. On va voir, cependant, que les insectes et les autres substances azotées provoquent chez les glandes une augmentation de sécrétion ; que cette sécrétion devient alors acide et qu’elle a la faculté de digérer les substances animales telles que l’albumine, la fibrine, etc. En outre, les substances azotées dissoutes sont absorbées par les glandes, ce qui est prouvé par ce fait que leur contenu liquide s’agrège en masses granuleuses de protoplasma se mouvant lentement. Les mêmes résultats se produisent quand les insectes sont capturés naturellement, et comme la plante a des racines petites et qu’elle vit dans un sol pauvre, on ne peut douter qu’elle ne tire certains avantages de la faculté dont elle est douée de digérer et d’absorber les substances qu’elle capture ordinairement en si grand nombre. Mais, avant d’aller plus loin, il est indispensable de décrire les mouvements des feuilles.

Mouvements des feuilles. — On n’aurait jamais soupçonné que des feuilles aussi grandes et aussi épaisses que celles du Pinguicula vulgaris puissent se recourber en dedans à la suite d’une excitation. Pour s’en assurer par l’expérience, il faut choisir des feuilles dont les glandes sécrètent bien et que l’on a empêché de capturer beaucoup d’insectes ; en effet, les vieilles feuilles, ou tout au moins celles des pieds qui vivent à l’état sauvage, ont déjà les bords si complètement recourbés qu’elles se meuvent fort peu ou très-lentement. Je commencerai par donner le détail des expériences les plus importantes que j’ai faites, puis j’en tirerai quelques conclusions.

Première expérience. — Je choisis une feuille jeune et presque perpendiculaire, dont les deux bords latéraux étaient très-légèrement