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LEUR ORIGINE.

infestées de tigres. Il a donné naissance à plusieurs races, différant beaucoup par la taille, la présence d’une ou deux bosses, la longueur des cornes et par d’autres caractères. M. Blyth conclut à une différence spécifique entre le bétail à bosse et le bétail ordinaire. Voyant en effet un aussi grand nombre de différences dans la conformation extérieure, les mœurs, les détails ostéologiques, et dans beaucoup de points qui n’ont pas dû probablement être affectés par la domestication, on peut à peine mettre en doute, malgré l’avis contraire de quelques naturalistes, que ces deux catégories de bêtes bovines, ne doivent être regardées comme constituant effectivement deux espèces distinctes.

Les races européennes de gros bétail sont nombreuses. Le professeur Low compte dix-neuf races anglaises dont un petit nombre seulement sont identiques à celles du continent. Même les îles de la Manche, Guernesey, Jersey et Alderney ont leurs sous-races propres[1], qui elles-mêmes diffèrent de celles des autres îles, telles que Anglesea, et les îles occidentales de l’Écosse. Desmarest décrit quinze races françaises, en laissant de côté les sous-variétés et celles importées de pays étrangers. Dans d’autres parties de l’Europe, il y a différentes races distinctes, ainsi le bétail hongrois, de couleur pâle, au pas léger et libre, et dont les cornes énormes mesurent jusqu’à cinq pieds de pointe à pointe[2], ou le bétail de la Podolie remarquable par la hauteur du garrot. Dans l’ouvrage le plus récent sur les bêtes bovines[3], cinquante-cinq races européennes sont figurées ; quelques-unes ne différant que peu des autres ne sont peut-être que des synonymes. Il ne faut pas croire que des races nombreuses n’existent que dans les pays depuis longtemps civilisés, car nous verrons bientôt que chez les sauvages de l’Afrique du Sud on en compte plusieurs.

Nous savons déjà beaucoup sur l’origine de plusieurs races européennes par le mémoire de Nilsson[4] et surtout par les

  1. M. H. E. Marquand, dans le Times, 23 juin 1856.
  2. Vasey, Delineations of the Ox tribe, p. 124. — Brace, Hungary, 1851, p. 94. — Selon Rütimeyer, le bétail hongrois descend du Bos primigenius (Racen des zahmen Europ. Rindes, 1866, p. 13).
  3. Moll et Gayot, La connaissance du Bœuf, Paris 1860, fig. 82, race podolienne.
  4. Traduit dans les Annals and Mag. of nat. Hist. (2e série), v. iv, 1849.