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BÊTES BOVINES.

Berkshire de 1780 est différente de celle de 1810, et depuis cette dernière époque au moins deux formes distinctes, ont porté le même nom.

BÊTES BOVINES.

Les animaux domestiques de ce groupe descendent certainement de plus d’une forme sauvage, comme nous l’avons reconnu pour nos chiens et nos porcs. Les naturalistes ont généralement admis deux divisions principales dans le gros bétail : les espèces à bosse, habitant les pays tropicaux, appelées zébus dans l’Inde, et auxquelles on a appliqué le nom spécifique de Bos indicus ; et les espèces sans bosse, qu’on désigne généralement sous celui de Bos taurus. Le bétail à bosse était déjà domestiqué au moins dès la douzième dynastie, soit 2100 ans avant J.-C., comme on peut le voir sur les monuments égyptiens. Il diffère du bétail ordinaire par plusieurs caractères ostéologiques, et même d’après Rütimeyer[1], à un degré plus considérable que ne diffèrent entre elles les espèces fossiles d’Europe, c’est-à-dire, les Bos primigenius, longifrons et frontosus. D’après les remarques de M. Blyth[2], qui a étudié particulièrement ce sujet, il en diffère encore par sa configuration générale, la forme des oreilles, le point de départ du fanon, la courbure typique des cornes, la manière de porter la tête au repos ; par les variations ordinaires de couleur, surtout la présence fréquente aux pieds de marques analogues à celles de l’antilope nilgau, enfin par le fait que dès la naissance des jeunes les dents ont déjà percé les gencives. Leurs habitudes aussi sont totalement différentes ainsi que leur voix. Le bétail à bosse de l’Inde cherche rarement l’ombre, et ne va pas à l’eau pour s’y plonger à mi-jambe comme celui d’Europe. Il est redevenu sauvage, s’est répandu dans certaines parties de l’Oude et du Rohilcund, et peut se maintenir dans des régions

  1. Fauna der Pfahlbauten, 1861, p. 109, 149, 222. — Geoff. Saint-Hilaire ; Mém. du Mus. d’his. nat., t. X, p. 172 ; — et Isid. Geoff. Saint-Hilaire, Hist. nat. gén., t. iii, p. 69. — Vasey (Delineations of the Ox tribe, 1851, p. 127) dit que le zébu a quatre vertèbres sacrées, et le bœuf commun cinq. M. Hodgson a trouvé 13 ou 14 côtes. Indian Field, 1858, page 62.
  2. Indian Field, 1858, p. 74, où M. Blyth cite ses autorités sur le bétail à bosse. — Pickering aussi, dans Races of man, 1850, p. 274, remarque le caractère particulier de la voix grognante du bétail à bosse.