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MOUTONS.

cendant d’espèces distinctes, leurs croisements réciproques, surtout aidés par la sélection, auront multiplié le nombre et modifié les caractères des races plus anciennes.

MOUTONS.

Je traiterai ce sujet brièvement. La plupart des auteurs regardent nos moutons domestiques comme provenant de plusieurs espèces distinctes, mais on n’est pas fixé sur le nombre de celles qui existent encore. M. Blyth admet dans le monde entier quatorze espèces, dont l’une, le mouflon corse, lui paraît être l’ancêtre des formes plus petites, à queue courte, à cornes en forme de croissant, tels que les anciens moutons des Highlands. Les races plus grandes, à longue queue, à cornes à double courbure, telles que les Dorset, mérinos, etc., doivent, selon le même auteur, provenir d’une espèce inconnue éteinte. M. Gervais établit six espèces de moutons[1], mais conclut que notre mouton domestique forme un genre distinct actuellement éteint. Un naturaliste allemand[2] croit que nos moutons descendent de dix espèces primitives distinctes, dont une seule est encore vivante à l’état sauvage. Un autre observateur ingénieux[3], mais pas naturaliste, au mépris de toutes nos connaissances sur la distribution géographique, conclut à la provenance de nos moutons britanniques de onze formes indigènes. En face d’une incertitude pareille, il devient inutile de décrire les différentes races en détail, et je n’ajouterai que quelques remarques à leur sujet.

Le mouton a été domestiqué depuis une époque très-reculée. Rütimeyer[4] a trouvé dans les habitations lacustres de la Suisse, les restes d’une petite race à jambes hautes et grêles, à cornes semblables à celles de la chèvre, et qui diffère quelque peu de toutes les races actuellement connues. Presque chaque pays a sa propre race, et plusieurs en ont un certain

  1. Blyth sur le genre Ovis, Ann. and Mag. of nat. Hist., vol. vii, 1841, p. 261. — Pour la parenté des races, voir les articles de Blyth dans Land and Water, 1867, p. 134, 156. — Gervais, Hist nat. des Mammifères, 1855, t. ii, p. 191.
  2. D. L. Fitzinger, Ueber die Racen des zahmen Schafes, 1860, p. 86.
  3. J. Anderson, Recreations in Agricult. and nat. Hist., vol. ii, p. 164.
  4. Pfahlbauten, p. 127, 193.