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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/120

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MOUTONS.

Mérinos
150.3 jours.
Southdowns
144.2 jours.»
Métis, mérinos et Southdowns
146.3 jours.»
Trois-quarts Southdowns
145.5 jours.»
Sept-huitièmes Southdo»
144.2 jours.»

On peut voir, par la différence graduée dans les animaux ayant diverses proportions de sang Southdown, combien les deux durées de la gestation se transmettent exactement. Nathusius remarque que les Southdowns, croissant avec une rapidité étonnante dès la naissance, il n’est pas surprenant que leur développement fœtal soit un peu abrégé. Il est possible que la différence entre ces deux races puisse être due à leur provenance d’espèces parentes distinctes, mais la précocité des Southdowns ayant depuis longtemps été l’objet de l’attention des éleveurs, la différence est bien plus probablement le résultat de leurs soins. Enfin, la fécondité des diverses races varie beaucoup ; quelques-unes produisent généralement deux ou même trois petits par portée ; les moutons Shangaï, récemment exposés au jardin zoologique de Londres, si curieux par leurs oreilles tronquées et rudimentaires, et leur grand museau romain, en sont un remarquable exemple.

Plus que tout autre animal domestique, le mouton est très-promptement affecté par l’action directe des conditions extérieures auxquelles il est exposé. D’après Pallas, et plus récemment d’après Erman, le mouton Kirghise, dont la queue est si chargée de graisse, dégénère au bout de quelques générations en Russie ; la masse de graisse diminue graduellement, tant les herbages maigres et amers des steppes paraissent nécessaires à son développement. Pallas fait la même constatation à propos d’une des races de Crimée. Burnes dit que la race Karakool, qui produit une toison noire, fine, frisée et de grande valeur, la perd lorsqu’on la déplace de sa localité près de Bokhara, pour la transporter en Perse ou ailleurs[1]. Dans ces cas toutefois, il se peut qu’un changement quelconque dans les conditions extérieures, puisse causer la variabilité et par

  1. Erman’s Travels in Siberia, vol. I, p. 228. — Je cite Pallas d’après Anderson (Sheep of Russia, 1794, p. 34). Pour les moutons de Crimée, voir Pallas, Voyages, vol. II, p. 454, trad. angl. — Pour les moutons de Karakool, voir Burnes, Travels in Bokara, vol. III, p. 151.