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DESCRIPTION DES RACES.

Culbutants courtes-faces ; lesquelles comprennent encore plusieurs variétés qui reproduisent fidèlement leur type. Sur huit squelettes de Pigeons Culbutants, à l’exception d’un seul d’ailleurs incomplet et douteux, j’ai trouvé sept côtes au lieu des huit que possède le Bizet.

Sous-race I. — Culbutants Persans. — J’en ai reçu une paire de Perse, envoyée directement par l’honorable C. Murray. Ils sont plutôt plus petits que le Bizet sauvage, blancs et pommelés, les pattes sont légèrement garnies de plumes, et le bec est un peu plus court que chez le Bizet. M. Keith Abbot, consul de Sa Majesté, m’apprend que cette différence dans la longueur du bec est si faible, qu’en Perse il n’y a que les éleveurs exercés qui puissent distinguer ces Culbutants des Pigeons communs du pays. Ils volent par bandes à de grandes hauteurs et culbutent bien ; quelquefois ils paraissent avoir le vertige et tombent à terre, ce qui arrive aussi à quelques-uns de nos Pigeons Culbutants.

Sous-race II. — Culbutants de Lotan ou Lowtun : Culbutants terriens indiens. — Ces oiseaux présentent une habitude héréditaire des plus remarquables. Les individus que Sir W. Elliot m’a envoyés de Madras sont blancs, leurs pattes sont légèrement emplumées, et les plumes de la tête sont renversées ; ils sont un peu plus petits que le Bizet et ont le bec légèrement plus court et plus mince que ce dernier. Légèrement secoués et posés par terre, ces oiseaux commencent une série de culbutes qu’ils continuent jusqu’à ce qu’on les relève pour les calmer, ce qui se fait en leur soufflant contre le museau, comme lorsqu’on veut réveiller un sujet magnétisé ou hypnotisé. Si on ne les relève pas, on prétend qu’ils continuent à se rouler par terre jusqu’à ce qu’ils en meurent. Ces particularités sont parfaitement établies, et le cas est d’autant plus digne d’attention, que cette habitude est héréditaire depuis l’an 1600, la race étant nettement décrite dans le « Ayeen Akbery[1]. » M. Evans en a gardé une paire à Londres, importée par le capitaine Vigne, et a observé qu’ils font la culbute dans l’air, aussi bien que sur le sol, de la manière ci-dessus décrite. Sir W. Elliot m’écrit cependant de Madras que ces Pigeons font exclusivement la culbute sur le sol, ou à une très-faible hauteur. Il mentionne aussi une autre sous-variété, nommée le Kalmi Lotan, qui commence à se rouler par terre dès qu’on lui touche le cou avec une baguette.

Sous-race III. — Pigeons Culbutants ordinaires. — Ils ont exactement les mêmes habitudes que les Pigeons Persans, mais font mieux la culbute. L’oiseau anglais est plutôt plus petit que le Persan et a le bec plus court. Comparé à celui du Bizet, son bec est, proportion gardée au corps, de 0,15 à 0,2 de pouce plus court, mais pas plus mince. On distingue plusieurs variétés dans les Pigeons Culbutants ordinaires, qu’on désigne sous les noms de Baldheads (Têtes chauves), de Beards (Barbes), et de Dutch Rollers (Roulants hollandais). J’ai eu de ces derniers vivants ; ils ont la tête

  1. Traduction anglaise de F. Gladwin, 4e édit., vol. I. Cette habitude du Lotan est aussi décrite dans l’ouvrage persan publié il y a 100 ans, dont nous avons parlé ; à cette époque les Lotans étaient blancs et crêtés comme maintenant. M. Blyth : Ann. and Mag. of nat. hist., vol. XIV, 1847, p. 104, décrit ces Pigeons et dit qu’on les voit chez tous les marchands d’oiseaux à Calcutta.