Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
PIGEONS DOMESTIQUES.

de forme un peu différente, le cou plus long et les pattes emplumées. Ils culbutent à un degré incroyable et, d’après M. Brent[1], « toutes les quelques secondes ils partent et font un, deux ou trois tours sur eux-mêmes. Çà et là un oiseau prend un mouvement brusque et rapide de rotation sur lui-même, en tournant comme une roue ; ils perdent parfois l’équilibre, font des chutes assez lourdes et se blessent quelquefois en tombant. » J’ai reçu de Madras plusieurs échantillons des Pigeons Culbutants ordinaires de l’Inde, qui diffèrent quelque peu entre eux par la longueur de leurs becs.

M. Brent m’a communiqué un individu mort, d’une variété écossaise, le Pigeon Culbutant[2] de maison (House-Tumbler), ne différant pas du Culbutant commun par son apparence générale ni par la forme de son bec. M. Brent m’apprend que ces oiseaux commencent en général à culbuter aussitôt qu’ils sont en état de bien voler ; à trois mois ils culbutent et volent encore avec puissance ; à cinq ou six mois, ils culbutent beaucoup et, à la seconde année, ils renoncent presque complètement au vol, à cause de la succession rapide de leurs culbutes à ras de terre. Quelques-uns s’envolent et décrivent quelques cercles autour du troupeau en faisant un saut complet à tous les quelques mètres, mais bientôt épuisés et étourdis, ils ne tardent pas à être obligés de se poser. On les appelle Culbutants aériens (Air Tumblers), et ils font ordinairement de vingt à trente tours, bien nets et distincts, par minute. J’ai eu occasion d’observer, montre en main, un Pigeon mâle qui en exécutait quarante dans la minute. D’autres font leur culbute différemment. Ils commencent par faire un seul saut, puis deux, et arrivent à un roulement continu qui met fin à leur vol ; car après un parcours de quelques mètres, ils atteignent le sol en roulant. J’ai vu un pigeon se tuer de cette manière et un autre se casser une jambe. Un grand nombre font la culbute à quelques pouces de terre seulement, et en feront deux ou trois dans leur vol pour regagner leur pigeonnier. On les appelle quelquefois Pigeons Culbutants de maison (House Tumblers), parce qu’ils culbutent ainsi même dans l’intérieur des maisons. Ce mouvement de culbute paraît être tout à fait involontaire, car l’animal semble même chercher à l’empêcher, et après avoir fait tous ses efforts pour voler directement sur un espace de quelques mètres, il semble qu’une impulsion contraire le repousse en arrière, tandis qu’il lutte pour avancer. Lorsqu’ils sont brusquement effrayés, ou dans un lieu étranger, ils paraissent moins aptes à voler que lorsqu’ils sont dans leur habitation ordinaire. Ces Pigeons Culbutants de maison diffèrent du Lotan en ce qu’ils n’ont pas besoin d’être secoués pour commencer leurs culbutes. Il est probable que la race aura été produite par une sélection des meilleurs Pigeons Culbutants ordinaires ; il est aussi possible qu’ils aient pu anciennement être croisés avec les Lotans.

Sous-race IV. — Pigeons Culbutants courtes-faces. — Ce sont des oiseaux merveilleux, la gloire et l’orgueil des éleveurs. Par leur bec conique, aigu et très-court et le faible développement de leur membrane nasale, ils s’écartent presque du type des Colombides. Leur tête est globu-

  1. Journal of Horticulture, 22 oct. 1861, p. 76.
  2. Voir le récit des Pigeons Culbutants de Glasgow, dans Cottage Gardener, 1858, p. 285, ainsi que la notice de M. Brent dans Journal of Horticulture, 1861, p. 76.