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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/183

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VARIABILITÉ INDIVIDUELLE.

pour le Pigeon Paon, et enfin, un cinquième pour les Pigeons à bec court sans peau verruqueuse, comme les Pigeons à cravate, et les Culbutants courtes-faces. Les autres formes domestiques auraient pu être réunies avec le Bizet dans un même genre.

Variabilité individuelle. Variations remarquables. — Les différences que nous avons jusqu’à présent étudiées caractérisent certaines races ; mais il en est d’autres qu’on a pu observer, soit dans certains individus, soit souvent dans certaines races, sans cependant en être caractéristiques. Ces différences individuelles ont de l’importance, car, dans la plupart des cas, elles auraient pu être conservées, accumulées par l’action de la sélection humaine, et devenir ainsi l’occasion de modifications dans les races existantes, ou de la formation de nouvelles. Les amateurs ne remarquent et ne choisissent que les différences légères qui sont extérieurement visibles ; mais toutes les parties de l’organisation sont si intimement liées entre elles par la corrélation de croissance, qu’une modification sur un point est presque toujours accompagnée de changements sur d’autres. Pour notre but, toutes modifications, quelles qu’elles soient, ont de l’importance, mais leur importance sera d’autant plus grande, qu’elles porteront sur des parties qui ne varient pas ordinairement. Toute déviation visible d’un caractère dans une race bien affermie, est actuellement considérée comme une tare et rejetée, mais il n’en résulte pas pour cela qu’autrefois, avant que des races bien caractérisées eussent été formées, on ait toujours agi de même ; on a dû au contraire conserver à titre de nouveauté ou de curiosité ces déviations qui se seront peu à peu augmentées sous l’influence d’une sélection inconsciente, comme nous le verrons clairement par la suite.


J’ai pris dans les diverses races un grand nombre de mesures des différentes parties du corps, et ne les ai presque jamais trouvées identiques dans les individus d’une même race ; — les différences étaient plus grandes que cela n’a ordinairement lieu dans les espèces sauvages. Le nombre des pennes primaires des ailes et de la queue est généralement constant chez les oiseaux sauvages, et caractérise non-seulement des genres, mais quelquefois des familles. Quand les rectrices sont exceptionnellement nombreuses, comme dans le cygne, elles sont sujettes à varier quant au nombre, mais ceci ne s’applique pas aux espèces et genres des Colombides qui, autant