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PIGEONS DOMESTIQUES.

nales qui forment les perforations antérieures varient beaucoup dans leur développement ; il en est de même du degré de convexité de la partie postérieure du sternum, qui devient parfois presque plate. Le manubrium est plus saillant dans quelques individus que dans d’autres, et l’orifice qui se trouve au-dessous varie beaucoup dans sa grandeur.


Corrélation de croissance. — Je désigne par cette expression la liaison intime qui existe entre toutes les parties de l’organisation, et qui est telle, que toute variation d’une d’entre elles entraîne des variations dans d’autres. Quant à déterminer laquelle de deux variations coexistantes doit être regardée comme cause ou effet de l’autre, c’est ce que nous ne pouvons presque jamais faire ; mais le point intéressant pour nous est celui-ci, que les éleveurs ayant par une sélection soutenue de variations légères, modifié fortement certaines parties de l’organisation, ont en même temps et involontairement produit, par ce fait, des modifications sur d’autres points. Ainsi la sélection a agi sur le bec ; celui-ci augmentant ou diminuant de longueur, la langue a aussi augmenté ou diminué, quoique peut-être pas en proportion exacte ; car dans un Barbe et un Courte-face, ayant tous deux le bec très-court, la langue comparée à celle du Bizet, ne se trouvait pas assez raccourcie ; tandis que dans deux Messagers et un Runt, la langue, proportionnellement au bec, n’était pas assez allongée. Dans un Messager anglais de premier ordre, dont le bec mesuré de la pointe à la base emplumée, avait trois fois la longueur de celui d’un Culbutant Courte-face, la langue n’était que deux fois aussi longue. La longueur de la langue varie du reste indépendamment de celle du bec : ainsi dans un Messager, le bec ayant 1,2, la langue avait 0,67 de pouce de longueur ; tandis que dans un Runt égal par son envergure et sa taille au Messager, le bec avait 0,92, la langue 0,73 de pouce de longueur, et était par conséquent réellement plus longue que celle du Messager au long bec. La langue du Runt était aussi très-large à sa racine. De deux Runts, l’un avait le bec plus long de 0,28, et la langue plus courte de 0,14 de pouce que l’autre.

La longueur de la fente qui constitue l’orifice externe des narines, varie suivant l’accroissement ou la diminution du bec, mais pas dans une proportion exacte, car prenant pour terme