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PIGEONS DOMESTIQUES.

J’ai mesuré sur neuf différentes races grandes et petites, la longueur de l’omoplate ; dans toutes, cet os s’est trouvé proportionnellement plus court que dans le Bizet. La réduction était en moyenne d’environ un cinquième de pouce, soit un neuvième environ de la longueur de l’omoplate du Bizet.

Les branches de la fourchette, relativement à la taille, paraissent, dans tous les individus que j’ai examinés, différer moins que dans le Bizet ; la fourchette entière est proportionnellement plus courte. Dans un Runt, dont l’envergure mesurait 38 pouces 1/2, la fourchette n’était que fort peu plus longue et à branches à peine plus divergentes que dans un Bizet qui n’avait que 26 pouces 1/2 d’envergure. Dans un Barbe, qui sous tous les rapports était plus grand que le Bizet, la fourchette se trouvait de 1/4 de pouce plus courte. Dans un Grosse-gorge, la fourchette ne s’était pas allongée proportionnellement à l’augmentation de longueur du corps. Dans un Culbutant courte-face, dont l’envergure était de 24 pouces, soit plus courte de 2 pouces 1/2 que celle du Bizet, la fourchette était à peine des deux tiers de celle de cet oiseau.


Nous voyons donc clairement que le sternum, les omoplates, et la fourchette, sont tous réduits quant à leur longueur proportionnelle ; mais si nous examinons les ailes, nous trouvons un résultat bien différent en apparence et tout à fait inattendu. À ce sujet, je ferai remarquer que je n’ai point choisi mes échantillons et que je me suis servi indistinctement de toutes les mesures que j’ai eu occasion de relever. Prenant pour terme de comparaison la longueur comprise entre la base du bec et l’extrémité de la queue, je trouve que, sur trente-cinq oiseaux de races différentes, vingt-cinq ont les ailes proportionnellement plus longues, et dix les ont proportionnellement plus courtes que le Bizet. Mais comme il y a une corrélation entre la longueur des pennes des ailes et de celles de la queue, il vaut mieux prendre pour terme de comparaison la longueur du corps mesurée de la base du bec à la glande huileuse ; d’après cette donnée, j’ai trouvé que, sur vingt-six des mêmes oiseaux ainsi mesurés, vingt et un, comparés au Bizet, avaient les ailes trop longues, et que cinq les avaient trop courtes, dans la proportion moyenne de 1 1/3 de pouce pour les premiers, et de 0,8 de pouce pour les seconds. Très-surpris de voir les ailes d’oiseaux tenus en captivité ainsi augmentées dans leur longueur, il me vint à l’idée que cet effet pouvait résulter de l’allongement des pennes alaires, ce qui est le cas chez le Jacobin, dont l’aile a une longueur inu-