Aller au contenu

Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
PIGEONS DOMESTIQUES.

rana, et la pintade est redevenue tout à fait sauvage à l’Ascension et à la Jamaïque. Dans cette dernière île, le paon est aussi redevenu marron. Le canard commun s’éloigne de son habitation et redevient presque sauvage dans le comté de Norfolk. On a tué des métis du canard musqué et du canard commun dans l’Amérique du Nord, en Belgique, et près de la mer Caspienne. L’oie est redevenue sauvage à la Plata. Le Pigeon de colombier ordinaire est marron à Juan-Fernandez, l’île de Norfolk, l’Ascension, probablement à Madère, sur les côtes d’Écosse, et, à ce qu’on assure, sur les rives de l’Hudson, dans l’Amérique du Nord[1]. Mais quelle différence si nous revenons aux onze principales races domestiques du Pigeon, que quelques auteurs regardent comme descendant d’autant d’espèces distinctes ! Personne n’a jamais prétendu qu’elles aient été trouvées sauvages dans aucune partie du monde ; on les a cependant transportées partout, et quelques-unes ont dû être ramenées dans leur patrie primitive. En les considérant comme les produits de la variation, nous comprenons pourquoi elles ne sont pas redevenues sauvages, l’étendue des modifications qu’elles ont éprouvées dénotant une domestication ancienne et profonde, qui devait les rendre impropres à la vie sauvage.

4o En admettant que les différences caractéristiques des diverses races domestiques soient dues à leur descendance de plusieurs espèces primitives, nous devrions conclure que l’homme aurait autrefois, soit intentionnellement, soit par hasard, choisi, pour les domestiquer, une collection des Pigeons les plus anomaux, car on ne peut contester que, comparées aux membres existants de la grande famille des Pigeons, des espèces comme les Grosses-gorges, les Paons, les Barbes, les

  1. Pour les Pigeons marrons, voir, pour Juan-Fernandez, Bertero, Ann. scienc. nat., XXI, p. 351 ; — pour l’île Norfolk, Rév. E. S. Dixon, Dovecote, 1851, p. 14, d’après M. Gould ; — pour l’Ascension, je me base sur une relation manuscrite de M. Layard ; — pour l’Hudson, voir Blyth, Ann. of nat. Hist., vol. xx, p. 511, 1857 ; — pour l’Écosse, Macgillivray, British Birds, vol. I, p. 275, et aussi Tompson, Nat. Hist. of Ireland ;Birds, vol. II, p. 11 ; — pour les canards, v. E. S. Dixon, Ornamental Poultry, 1847, p. 122 ; — pour les métis marrons des canards musqués et communs, voir Audubon, American Ornithology ; et Selys Deslongchamps, Hybrides dans la famille des Anatides ; — pour l’oie, I. G. Saint-Hilaire, Hist. nat. gén., t. III, p. 498 ; — pour les pintades, Gosse, Sojourn in Jamaïca, p. 124, et Birds of Jamaïca. J’ai vu à l’Ascension la pintade sauvage ; — pour le paon, voir A week at Port-Royal, p. 42, par M. Hill ; — ; pour les dindons, je m’en rapporte à des informations orales, après m’être assuré que ce n’étaient pas des Hoccos.