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RACES GALLINES.

les pays Indo-Chinois, les îles Philippines ; et à l’est, l’archipel Malay jusqu’à Timor. Elle varie beaucoup à l’état sauvage. D’après M. Blyth, les échantillons venus de l’Himalaya, sont plus pâles de coloration que ceux des autres parties de l’Inde, tandis que ceux de la péninsule Malaise et de Java ont des couleurs plus éclatantes que les Indiens. Dans les exemplaires de ces pays que j’ai vus, la différence de nuance des plumes sétiformes était très-apparente. Les poules Malaises ont le poitrail et le cou plus rouge que les Indiennes. Les coqs Malais ont généralement le lobule de l’oreille rouge, tandis qu’il est blanc chez l’Indien ; cependant M. Blyth a vu un de ces derniers sans le lobule blanc. Les pattes sont d’un bleu plombé dans les échantillons Indiens, elles sont plutôt jaunâtres dans les exemplaires Malais et Javanais. M. Blyth trouve le tarse très-variable de longueur chez les premiers. D’après Temminck[1], les échantillons de Timor sont, comme race locale, différents de ceux de Java. Ces diverses variétés sauvages n’ont pas encore été classées comme espèces distinctes, mais dussent-elles l’être par la suite, comme cela est probable, cette distinction spécifique n’aurait aucune portée, en ce qui concerne la question de leurs relations de parenté avec nos races domestiques. Le G. Bankiva sauvage ressemble beaucoup, par la couleur et sous d’autres rapports, à notre race de Combat rouge à poitrine noire, sauf qu’il est plus petit et porte la queue plus horizontale. Mais le port de la queue est très-variable dans nos races ; elle est très-inclinée dans les Malais, relevée dans les races de Combat et quelques autres, et plus que redressée dans les Dorkings, Bantams, etc. Une autre différence, d’après M. Blyth, est que, chez le G. Bankiva, après la première mue, les plumes sétiformes du cou sont pendant deux ou trois mois, remplacées non par d’autres plumes semblables, comme dans nos formes domestiques, mais par de courtes plumes noirâtres[2]. D’après les observations de M. Brent, ces plumes noires persistent dans l’oiseau sauvage après le développement des plumes sétiformes inférieures, et apparaissent dans l’oiseau domestique en même temps qu’elles ; la seule différence gît donc dans le remplacement, plus tardif chez l’oiseau sauvage que chez le domestique, des plumes sétiformes inférieures, fait qui n’a aucune importance, car on sait d’ailleurs que la captivité a souvent pour effet d’affecter le plumage des oiseaux mâles. Un point essentiel, noté par M. Blyth et d’autres, est la ressemblance de la voix du G. Bankiva, mâle et femelle, avec celle des deux sexes de nos oiseaux domestiques, la dernière note du chant de l’oiseau sauvage étant un peu moins prolongée. Le capitaine Hutton, connu par ses recherches sur l’histoire naturelle de l’Inde, a observé plusieurs croisements de l’espèce sauvage avec le Bantam chinois ; ces métis reproduisaient librement avec les Bantams, mais on n’a pas essayé de les croiser inter se. Le même observateur s’est procuré des œufs de G. Bankiva, et en a élevé les poulets, qui d’abord très-sauvages, s’étaient ensuite complètement apprivoisés. Il n’a pas réussi à

  1. Coup d’œil général sur l’Inde Archipélagique, t. III (1849), p. 177. — Voir aussi M. Blyth dans Indian Sporting Review, t. II, p. 5, 1856.
  2. M. Blyth, Ann. and Mag. of Nat. Hist. (2e  série), t. I, 1818, p. 133.