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RACES GALLINES.

toutes ses races d’une souche primitive unique. Dans les deux cas, l’argument tiré de la fertilité a quelque valeur ; pour les deux, il y a la même improbabilité que l’homme ait anciennement réussi à domestiquer à fond plusieurs espèces supposées, — la plupart de ces espèces supposées devant d’ailleurs être fort anomales, comparées aux formes naturelles dont elles sont voisines, — et qui toutes seraient inconnues ou éteintes, tandis que presque pas une des souches primitives d’aucun autre oiseau domestiqué ne s’est perdue. Mais si nos recherches, sur les souches parentes supposées des races du pigeon, ont pu être restreintes à l’examen de quelques espèces caractérisées par des habitudes particulières, il n’en est pas de même pour les coqs, rien dans leurs habitudes ne les distinguant d’une manière marquée des autres Gallinacés. Nous avons montré que, dans les pigeons, les oiseaux purs de toutes les races, ainsi que les produits du croisement de races distinctes, ressemblent souvent ou font retour au Bizet sauvage, par leur coloration générale et certaines marques caractéristiques. Nous verrons chez les races gallines des faits analogues, mais moins prononcés, et que nous allons discuter.

Retour et variations analogiques. — Chez les races pures, de Combat, Malaise, Cochinchinoise, Dorking, Bantam, et d’après M. Tegetmeier, chez la poule Soyeuse, on peut rencontrer occasionnellement, des individus dont le plumage est identique à celui du G. Bankiva sauvage. Le fait est digne d’attention, car les races que nous venons d’énumérer comptent parmi les plus distinctes. Les oiseaux ainsi colorés sont désignés par les éleveurs comme étant rouges à poitrine noire. Les Hambourgs ont un plumage fort différent, et cependant j’apprends par M. Tegetmeier, qu’une des grandes difficultés qu’on rencontre dans la production des coqs de la variété pailletée dorée, est la tendance qu’ils ont à revêtir la poitrine noire et le dos rouge. Les mâles Bantams et Cochinchinois blancs prennent souvent, en atteignant l’état adulte, une teinte jaunâtre de safran, et les longues plumes sétiformes des coqs Bantams noirs[1], deviennent fréquemment rouges lorsqu’ils ont deux ou trois ans ; ces mêmes coqs prennent les ailes bronzées,

  1. M. Hewitt, dans Poultry Book, par W. B. Tegetmeier, 1866, p. 218.