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CANARIS.

oiseau, et le fait est singulier, varie davantage de couleur dans les Indes occidentales, sous un climat chaud et humide, qu’en Europe[1]. La pintade est redevenue complètement sauvage à la Jamaïque et à Saint-Domingue[2], et a diminué de taille ; ses pattes sont noires, tandis qu’elles sont grises chez l’oiseau africain. Ce petit changement est à noter, à cause de l’assertion souvent répétée, que tous les animaux redevenus sauvages reviennent par tous leurs caractères à leur type primitif.

CANARIS.

Cet oiseau n’ayant été domestiqué que récemment, soit depuis trois cent cinquante ans environ, sa variabilité mérite attention. Il a été croisé avec neuf ou dix espèces de Fringillidés, et a produit des métis, dont quelques-uns ont été presque complètement fertiles ; nous n’avons cependant pas la preuve qu’il soit résulté de ces croisements aucune race distincte. Malgré la récente domestication du canari, un grand nombre de variétés ont été créées ; déjà avant 1718 on publiait en France[3] une liste de 27 variétés, et en 1779, la « Société des Canaris de Londres » fit imprimer un long inventaire des qualités désirables à obtenir chez ces oiseaux, de sorte qu’on leur a depuis fort longtemps appliqué la sélection méthodique. La plupart des variétés ne diffèrent que par la couleur et les marques de leur plumage. Quelques races diffèrent cependant de forme ; ainsi les canaris Voûtés, et les canaris Belges dont le corps est fortement allongé. M. Brent[4] a mesuré un de ces oiseaux, dont le corps avait huit pouces de longueur, tandis que celui du canari sauvage n’a que cinq pouces et un quart. Il existe des canaris huppés, et, fait curieux, lorsqu’on apparie deux oiseaux huppés, les petits, au lieu d’avoir des huppes, sont généralement chauves, ou même présentent une plaie sur la

  1. Roulin, Mém. savants étrangers, t. VI, 1835, p. 349. — M. Hill, de Spanish Town, m’envoie dans une lettre la description de cinq variétés de la pintade à la Jamaïque. J’en ai vu des variétés singulières de couleurs pâles, importées des Barbades et de Demerara.
  2. Pour Saint-Domingue, voir A. Salle, Proc. zool. Soc., 1857, p. 236. — M. Hill, dans sa lettre, me signale la couleur des pattes des oiseaux marrons de la Jamaïque.
  3. B. P. Brent, The Canary, British Finches, etc., p. 21–30.
  4. Cottage Gardener, 11 Déc. 1835, p. 184, description des variétés. — E. V. Harcourt ; même ouvrage, 25 Déc. 1855, p. 223, pour les mesures des oiseaux sauvages.